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À l’école des anarchistes ( réfraction n°35)

Discussion dans 'Bibliothèque anarchiste' créé par Marc poïk, 14 Janvier 2018.

  1. Marc poïk
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    À l’école des anarchistes ( réfractions)
    N° 35 Présentation
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    DIFFICILE, SEMBLE-T-IL, D’ASSOCIER LES ANARCHISTES AU MOT
    « école ». D’abord parce que les anarchistes ne sont pas
    une école, si l’on entend par là un ensemble de disciples
    que réunit l’enseignement d’un maître, à la doctrine duquel ils
    vouent à leur tour leur vie. Ensuite parce les anarchistes n’aiment
    pas l’institution scolaire, son organisation hiérarchique, ses maîtres,
    sa bureaucratie, l’ennui mortel auquel on y confronte nombre
    d’élèves, sa reproduction des inégalités sociales, son apprentissage
    de la soumission, son inculcation des valeurs républicaines et
    citoyennes, sa spécialisation contrainte, sa visée utilitaire et son
    absence plus générale d’intérêt pour toute éducation à la liberté.

    Et pourtant, l’histoire et l’actualité du mouvement anarchiste
    démontrent que celui-ci entretient des rapports multiples et foisonnants
    avec toute une série de savoirs et de savoir-faire. C’est
    d’ailleurs précisément parce qu’ils ont très vite aperçu les nuisances
    de l’institution scolaire que les anarchistes se sont lancés dans
    des projets d’éducation libertaire, fondant des établissements
    alternatifs, voire tentant de subvertir de l’intérieur l’institution
    scolaire en y promouvant d’autres rapports entre prétendus maîtres
    et supposés élèves.

    Dans ce nouveau numéro de Réfractions, nous n’avons toutefois
    pas souhaité répéter ce qui est fort bien documenté par ailleurs,
    à savoir les nombreuses tentatives, plus ou moins réussies, qui ont
    jalonné l’histoire du mouvement libertaire lorsqu’il s’est attaché
    à réaliser en acte quelque chose comme une éducation libertaire.

    Ni non plus à reprendre par le menu la liste des griefs que les anarchistes
    ont eu à adresser à l’institution scolaire.Mais, bien que des
    institutions comme l’Université se présentent aujourd’hui comme
    détentrices d’un monopole en matière de savoir, il est bien d’autres
    manières d’entendre le mot « école », et surtout le fait « d’être
    à l’école ». Aussi ce numéro n’évoque-t-il que très partiellement
    l’institution scolaire et s’intéresse-t-il plus fondamentalement à
    la manière dont s’élaborent et se transmettent les savoirs parmi
    les anarchistes. C’est qu’en effet, la construction et la transmission
    des savoirs ne sauraient non plus se réduire à ce qui s’opère dans
    des établissements scolaires, ni même d’ailleurs dans la sphère
    familiale. Elles constituent une dimension essentielle de l’existence
    humaine, avec tout le plaisir (et malheureusement aussi la peine)
    que l’on peut y associer.

    L’histoire de l’anarchisme ouvrier nous montre déjà que, dès
    ses premières années, il vit naître en son sein nombre de pratiques
    autodidactes collectives, dans lesquelles il était impossible de
    distinguer des maîtres et des élèves. Nombre d’anarchistes de la
    Belle Époque furent également les acteurs d’une diffusion de
    savoirs habituellement réservés à une élite d’experts, par exemple
    en matière de contraception. Et l’actualité nous enseigne également
    que ces pratiques de transmission des savoirs, fondées sur la
    co-élaboration, la coopération et l’horizontalité, perdurent et
    fleurissent, d’ailleurs bien au-delà des frontières d’un mouvement
    libertaire clairement identifié, qu’il s’agisse d’apprendre (verbe
    dont on sait qu’en français il fonctionne dans les deux sens) à
    construire sa maison, à se défendre contre des agressions sexistes,
    à changer un robinet, à écrire, fabriquer et diffuser un tract ou une
    brochure, etc. On remarquera d’ailleurs que certaines de ces pratiques
    sont aujourd’hui récupérées par les institutions, qui de ce
    point de vue représentent un espace de captation des savoirs et de
    leurs modalités de transmission.

    Mais si l’anarchisme n’a cessé de s’intéresser, pour employer un
    mot large et non dénué d’ambiguïtés, aux pratiques éducatives,
    c’est aussi qu’il existe en lui une tendance, qu’il est impossible
    d’identifier à telle ou telle de ses composantes, qui prétend réaliser
    quelque chose de l’idéal libertaire ici et maintenant – qu’on appelle
    cela propagande par le fait, action exemplaire, ou pour faire riche,
    comme certains universitaires anglo-saxons, prefigurative politics.

    Non pas que ces anarchistes croiraient en la vertu de l’exemple,
    si l’on entend par là une réalisation exemplaire destinée à être
    servilement imitée. Prenant acte de ce qu’il n’y a pas d’éducation
    exemplaire, ces anarchistes qui cherchent à « faire école » font bien
    plutôt voir leurs tâtonnements, leurs espoirs, leurs échecs, leurs
    réalisations parfois dérisoires, non pour qu’on les reproduise,mais
    pour que des tentatives similaires se mettent à proliférer en tous
    sens, retirant ainsi le savoir des mains des spécialistes et sa transmission
    de toute structure hiérarchique.

    La commission
    L’éducation libertaire en tensions
    Audric Vitiello
    PDF
    « Honte de classe, honte en classe » : Une philosophie sociale de la honte en éducation
    Irène Pereira
    PDF
    Des collégiens comme les autres
    Mickaël Goyot, en dialogue avec Alain Thévenet
    PDF 16 pages
    L’école ou l’impossible apprentissage
    Emmanuelle Py
    PDF
    Un exercice de pédagogie libertaire
    Laïla Houlmann
    PDF 6 pages
     
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