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Agression sexiste et hiérarchie des luttes à Bure

Discussion dans 'Webzine - actualité des luttes et partage d'articles de presse' créé par Nemesys, 9 Septembre 2019.

  1. Nemesys
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    Agression sexiste et hiérarchie des luttes à Bure[/SIZE]
    Bure |Publié le 7 septembre 2019 |Mise à jour le 6 septembre |

    Déroulement d’une soirée triste dans une maison occupée à Bure [1].

    Je ne sais pas comment écrire ce texte sans me laisser submerger par la tristesse. Mais je vais faire de mon mieux.

    Le 31 août 2019, deux groupes dans lesquels je joue ont été invités à se produire à la Maison de Résistance à Bure. Depuis Liège, nous avions quatre heures de route aller et quatre heures retour.

    J’étais vraiment excitée car je n’étais encore jamais allée dans ce lieu et nous allions jouerpour la sortie du fanzine Freakszine.

    Je m’attendais à une belle fête et, à mon arrivée, j’ai commencé à jouer avec des gens qui improvisaient des chansons stupides pour rire. Je me suis sentie chez moi.

    Quand le premier groupe dont je fais partie a commencé à jouer, je chantais du côté gauche. Les gens faisaient un pogo et laissaient à l’autre chanteur et à moi une certaine distance afin que nous puissions nous déplacer également. Une des personnes dansait trop près et m’a donné des coups de coude à plusieurs reprises en se rapprochant trop de moi. Je suis donc allée un peu plus loin et il est revenu deux fois en marchant sur mon câble (mon matériel perso) au point que j’ai dû remettre le micro en place. À un moment, son coude s’est trop approché de mes yeux et donc, à la fin de la chanson, je lui ai demandé de faire attention et de ne pas venir si près de moi.

    Après ce concert, tout le groupe était content. J’étais près de la distro et le gars est venu me demander : « Pourquoi tu ne voulais pas que je fasse le pogo ? » Pendant que je lui répondais : « Je n’ai pas dit de ne pas faire ça, mais... », il est parti comme pour signifier que ce que j’avais à dire n’était pas important. Il est revenu aussitôt et a reposé agressivement la même question. Alors je lui ai répondu agressivement que c’était à propos de mon putain de câble et de son coude, et il est à nouveau reparti pendant que je parlais. Je lui ai dit que c’était une façon typiquement sexiste de réagir. Et là, le type est revenu me voir et m’a dit : « Alors tu es raciste ! »

    J’étais choquée.

    Il est parti, pour revenir ensuite et dire : « Désolé, je vais partir. » Il ne l’a pas fait. À la place, il m’a collée contre un mur en me traitant de RACISTE au moment où j’allais me chercher une bière avant de chanter avec le groupe suivant.

    Les autres se préparaient sur la scène dans la pièce à côté de nous. Je lui ai dit qu’il était fou avec ce truc de me traiter de raciste dès que j’ouvrais la bouche pour dire que quelque chose n’allait pas dans son comportement. Il s’est approché très près de moi, comme s’il voulait me frapper. J’étais sûre qu’il allait le faire, mais j’ai décidé de rester et de lui faire face.

    Au lieu de ça, il a craché trois fois sur le sol près de moi et, à chaque fois, il me disait : « Tu es raciste. »

    Je lui ai dit : « Tu montres vraiment à quel point tu es un homme fort en faisant ça. » Là, il m’a giflée très fort et m’a poussée contre le mur. Il y avait du monde à côté, mes ami·es, à qui j’ai dit : « Hé, il m’a giflée ! »

    Pendant que mes ami·es venaient pour prendre ma défense, je me suis précipitée dans la pièce voisine en comprenant ce qui allait se passer : les habitants de la maison sont venus le défendre et m’accuser d’être raciste !

    Alors que mes ami·es tentaient de parler avec les gens, apparemment, gifler des filles, ça va, mais dire à une personne racisée qu’il s’est comporté comme un connard, c’est pas possible ! D’un coup, on était tou·tes racistes, alors que le gars, complètement bourré, frappait tout le monde, y compris ses colocs ou ses ami·es.

    Certain·es d’entre nous ont essayé de discuter avec les personnes du lieu et, apparemment, le type est excusé parce qu’il est bourré, racisé et traumatisé, et à la Maison de Résistance il y a des gens qui disent que les Blancs (ils le sont tous eux aussi) n’ont pas à se défendre.

    Cela m’a mise complètement hors de moi et j’ai foutu par terre leur savon, de la viande et du fromage qui traînaient dans la pièce, ainsi que des fanzines, tout en disant que ce n’était pas ce qu’ils proclamaient et que c’était violent.

    J’ai vu le gars frapper mon ami, mon partenaire et une autre amie qui était venue avec nous, et elle n’est visiblement pas blanche. Puis j’ai vu un autre gars (blanc) se diriger vers mon partenaire en disant : « Tais-toi, je suis anti-Blancs. » J’ai demandé à tout le monde d’arrêter de discuter et de se dépêcher de partir !

    G., l’organisateur, était en train de pleurer, alors je lui ai dit que ce n’était pas sa faute, mais qu’il ne devrait pas accepter que ces personnes puissent se comporter de la sorte.

    Lui et d’autres habitants de la maison nous ont alors dit que ce n’était pas la première fois qu’il était violent. Et qu’ils étaient en colère contre lui, mais aussi qu’ils en avaient peur.

    Ce n’est pas notre responsabilité si ce gars a eu une vie de merde et a été victime de discriminations. Cela ne lui donne pas le droit ni l’excuse de discriminer en retour et d’agresser d’autres personnes. Et être saoul est la pire des excuses possibles. Et dans ce cas, supposer que j’étais francophone et belge juste parce que le groupe est situé en Belgique pourrait aussi être qualifié de racisme.

    Pendant que nous essayions de ranger les amplis, ce gars à qui on avait dit de partir est encore revenu vers moi, mais au lieu de me frapper, il a frappé la camionnette du groupe dans laquelle la chienne dormait. Elle a été terrorisée et a commencé à aboyer.

    Devant tous ces faits, les habitants ont déclaré : « Nous n’avons rien vu ni rien entendu. »

    Nous sommes parti·es vers minuit et avons dormi chez des ami·es après deux heures de route, avant de retourner à Liège le lendemain.

    Une fois l’adrénaline de l’autodéfense partie, je ne pouvais plus respirer ni arrêter de pleurer en pensant mais WHAT THE FUCK, qu’est-ce qui se passe dans ce monde soi-disant anarchiste et activiste ! Ces gens font la guerre aux mauvaises personnes juste pour nous contrôler et pour qu’on se déteste les un·es les autres ; les gens inventent des histoires pour rabaisser les autres, des histoires fausses qui ne devraient pas exister, des mots faux, une rumeur qui devient de plus en plus grande... l’anarchie est morte !

    J’ai des attaques de panique depuis que nous sommes parti·es et je déteste reconnaître que je suis faible. Mais je veux parler de ce qui s’est RÉELLEMENT passé, comme beaucoup de gens pourront le confirmer, et dégager ce poids de mon cœur, qui m’empêche de respirer correctement depuis cette agression.

    En appeler au racisme lorsque tu fais de la merde, que tu es sexiste et que tu es le premier à imposer de la discrimination violente dans un lieu, c’est vraiment, vraiment lamentable et irrespectueux. Et nous ne comprenons pas que la plupart des habitants de la maison nous montrent que, pour eux, l’anti-racisme est une lutte plus importante que l’anti-sexisme.

    Traduction d’un témoignage initialement paru surIndymedia Nantes.


    Notes
    [1] NdT : En réalité, la Maison de Résistance a été achetée par le mouvement anti-nucléaire local et est gérée par une SCI composée du collectif Bure Zone Libre et du réseau Sortir du Nucléaire.
     
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