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Alain DAMASIO: La Zone du dehors

Discussion dans 'Recherche de livres' créé par Marc poïk, 10 Mars 2018.

  1. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Déc 2016
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    La Zone du dehors

    Alain DAMASIO
    [​IMG]
    — Les gens qui dirigent le mouvement aujourd'hui — enfin, je ne devrais pas dire diriger... Les gens qui coordonnent si vous voulez, qui impulsent, on a toujours tenu à briser toute hiérarchie, sont, pour trois d'entre eux des intellectuels...
    — Quels métiers exercent-ils ? Ce sont des métiers respectables ? Ils sont désencartés ? Quel âge ont-ils en moyenne ? —
    Je ne vous répondrai pas. Sachez simplement ceci : ces gens sont des idéalistes, des forcenés de l'idéal. Ils ont complètement perdu le sens de l'humain. Ils vont... Il faut les arrêter. Ils... Ils finiront par tuer. C'est comme, une nouvelle race, si vous voulez, un mélange d'intellectuel et de tueur. Ce sont... Voilà : ce sont des intellectueurs.

    Avec La Zone du Dehors, Alain Damasio entre en lutte. Affutant ses lames chez Nietzsche, Foucault et Deleuze, il dissèque le conformisme social-démocrate et substitue, aux normes qui nous cadrent et nous clouent, la vivacité des voltes.
    Livre engagé, épique, porté par des personnages flamboyants pour lesquels la fraternité est valeur, il précipite le lecteur au cœur d'une action qui bouscule, interroge, castagne.
    Avec ce premier roman, servi par une écriture inventive et physique, Alain Damasio nous confirme que la SF est de la littérature.
    Critiques

    Sur un satellite indéterminé de Saturne s'étend une ville de sept millions d'habitants, Cerclon, gérée par une démocratie molle et insidieuse — entre 1984 et Le meilleur des mondes — avec ses caméras omniprésentes, ses tours de surveillance, ses contrôles à tous les niveaux, sa hiérarchie sociale (le « Clastre »), son président cynique et sa « police de la pensée » qui instille un flic en chaque citoyen. Face à cette hydre sans visage se dresse un groupe de révolutionnaires, la Volte, menée par le Bosquet — cinq individus qui constituent les cinq héros de l'histoire. Cette Volte tente par tous les moyens — des débats dans les « centres de rencontre » aux sabotages à grande échelle — de secouer cette société putride et d'éveiller la conscience des gens, leur faire secouer leur joug d'aliénés. Pas facile... car, comme il est dit quelque part dans le livre, si une tyrannie pure et dure vous renvoie au centuple dans la gueule les coups que vous lui portez, une démocratie au ventre mou les absorbe sans en souffrir le moins du monde. Aussi les « actions directes » de la Volte deviendront-elles de plus en plus radicales, jusqu'au moment où... Non, je ne vais pas raconter la fin.
    Présenté ainsi, ce roman pourrait faire croire à un pensum sec et froid d'un théoricien de la révolution, qui enroberait son discours austère d'un peu d'exotisme en prenant pour décor un satellite saturnien. Il n'en est rien, pour notre plus grand bonheur. Car Alain Damasio est, non seulement un pur volté (Captp, son héros, c'est lui sans aucun doute), mais en plus un amoureux des gens, de ses gens mais aussi de l'homme en général, qu'il croit fondamentalement bon, ouvert et capable de changement — c'est tout à son honneur. Dans un style flamboyant, charnel et charnu, si emporté qu'il frise parfois l'amphigourique, Damasio proclame son amour de la liberté, de la résistance et de la volte — non pas la révolte qui n'est que réaction et destruction, préambule sans doute nécessaire mais tout à fait insuffisant, mais la volte au sens de volte-face, virevolte, salto, saut périlleux dans l'inconnu exaltant de la création d'une nouvelle société, d'un nouveau monde, de nouvelles valeurs et de nouveaux rapports entre les gens.
    Damasio est un révolutionnaire, un anarchiste sans doute, un joyeux et jouissif pourfendeur des théories sectaires de militants à la vue aussi étroite que ceux qu'ils combattent, et dont il connaît bien les discours et les interminables réunions de fonds de cafés enfumés et noyés dans la bière (il nous en inflige un !). La Zone du dehors est son manifeste en faveur de l'action directe et constructive. Un pur bonheur de lecture, qui fait de surcroît se réveiller et vibrer en nous cette petite fibre de résistance bien étouffée par le consensus mou de notre société sans reliefs, sans éclats, sans couleurs et presque sans vie... Merci, Alain.
     
  2. teodore
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    teodore Nouveau membre

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