L'affaire Fontenis

Fanya · 27 Mars 2018

J'ai hésité à mettre le titre en guillemets mais peut-être qu'il n'en a pas besoin.

En fait je connais très mal cette "histoire".

Est-ce que vous pouvez me faire un résumé ? Ou bien partager des liens vers des "textes de référence" ?

A vos claviers

ninaa · 27 Mars 2018

A propos de Georges Fontenis
2 novembre 2010 par Floréal
Il y a quelques années, à la librairie Publico, siège de la Fédération anarchiste, un homme choisit quelques livres, s’approche du comptoir et, après avoir rédigé son chèque de paiement, le tend au permanent présent et, s’adressant à lui, prononce ces mots : « La signature du Diable ! » Etonné, le camarade porte alors son regard sur le chèque et constate que cet homme n’est autre que Georges Fontenis, manifestement toujours aussi mégalomane…
L’épisode connu sous le nom d’ « affaire Fontenis », s’il est un peu oublié aujourd’hui dans le mouvement libertaire, a fait beaucoup parler de lui par le passé, et les militants venus à la Fédération anarchiste à la faveur des événements de Mai 68 se souviennent qu’il était fait alors très souvent référence à ce personnage et à ses méfaits. Mais qui était donc ce « diable » de Georges Fontenis ?
Bref retour arrière
Arrivé en 1945 dans une Fédération anarchiste qui venait de se reconstruire, Georges Fontenis va y acquérir au fil du temps une importance grandissante, au point de se voir confier un trop grand nombre de responsabilités qui vont lui permettre de mener à bien son projet « diabolique ».
Avec quelques complices, en effet, il va mettre sur pied, au sein de la Fédération anarchiste, une organisation secrète, l’OPB (Organisation Pensée Bataille), dont les membres vont petit à petit occuper les postes de responsabilité de façon à prendre en main l’organisation et son organe de presse. Décidés à se débarrasser des « gêneurs », Georges Fontenis et sa bande vont exclure à tours de bras des militants et des groupes entiers, transformer la Fédération anarchiste en Fédération communiste libertaire (FCL) et faire de son journal, Le Libertaire, un torchon marxisant.
Tandis que la FCL finira de se ridiculiser en présentant des candidats aux élections, les nombreux exclus mettront sur pied, à la fin de l’année 1953, la nouvelle Fédération anarchiste, celle qui existe encore aujourd’hui, et feront du Monde libertaire son organe d’expression *.
Les morts sont tous des braves types
Deux articles fort clairs et documentés signés Julien**, du groupe de Rouen de la Fédération anarchiste, sont venus retracer, en laissant toutefois de côté quelques épisodes particulièrement glauques de son histoire, l’itinéraire de Georges Fontenis, décédé au mois d’août dernier.
A la fin du second article, on apprend avec effarement que la Fédération anarchiste, au lendemain de ce décès, s’est fendue d’un communiqué de sympathie adressé à l’organisation Alternative libertaire, à laquelle avait adhéré ce triste personnage qui se prit pour le Lénine du mouvement libertaire. « La polémique n’est pas de mise dans de telles circonstances », affirme, au passage, ce regrettable communiqué. Peut-être. Dans ce cas, on s’abstient de tout commentaire. Mais cette relative sympathie affichée à l’occasion de la mort du liquidateur de la Fédération anarchiste des années 50, que tout militant honnête considérait comme une crapule (pour rester gentil), a quelque chose de particulièrement indécent.
Pour ceux qui ont connu des militants comme Suzy Chevet, Maurice Joyeux, Jean Barrué, Maurice Laisant, Maurice Fayolle et d’autres encore, tous victimes de ce mythomane et autrement plus respectables, ce communiqué est comme une insulte à leur mémoire.
Non, les morts ne sont pas tous des braves types.
Le 6 juillet 1992, dans le cadre de l’émission « La mémoire sociale », sur Radio-Libertaire, j’avais évoqué cette affaire Fontenis à l’antenne. D’anciens membres de la bande avaient enregistré cette émission et l’avaient fait parvenir à leur chef, qui vivait en province. Ce dernier avait alors adressé un courrier, daté du 11 juillet 1992, aux responsables de Radio-Libertaire, dans lequel il protestait contre mes propos et exigeait un droit de réponse. Je n’avais a priori rien contre, mais cette exigence était assortie d’une menace à peine voilée, formulée en ces termes : « Il me déplairait d’être contraint d’évoquer un droit de réponse ou d’engager une plainte en diffamation devant la justice de classe. » Le lundi 20 juillet 1992, à l’antenne de Radio-Libertaire, j’informais Georges Fontenis, par domestiques interposés, de l’endroit où il pouvait se mettre son « droit de réponse »…

Cliquez pour agrandir...

A propos de Georges Fontenis

Cette version des faits m'a été confirmée par plusieurs autres "anciens" de la FA.

Fanya · 27 Mars 2018

Merci !

En effet, c'était pire que je l'imaginais !

Et je vois que Fontenis a encore des défenseurs sur d'autres "forum libertaires". Après tant d'années, comment l'expliquer si c'est explicable ?

IOH · 4 Mai 2018

"La victoire de l’O.P.B. dans la F.A. abandonne les anciens opposants à leur sort, complètement démunis et livrés à eux-mêmes. Ils ont le sentiment de s’être fait dépouiller de tous les outils qu’ils avaient patiemment développés depuis la Libération. Mais le changement de nom de la Fédération anarchiste en Fédération communiste libertaire laisse le champ libre à une reconstruction et leur donne une chance inespérée de retrouver une certaine légitimité aux yeux des sympathisants."

Lorsque Fontenis est devenu secrétaire général de la F.A en 46, cela arrangeait tout le monde, et il a dit :
"me voici, subitement, secrétaire général de la F.A., directeur du Libertaire, à 26 ans. Tout seul au fond. Mes amis ont vu là, sans doute, une aubaine inespérée pour sauver les acquis, les autres, ceux d’en face se disent peut-être qu’ils viendront facilement à bout d’un jeune militant inexpérimenté"

On voit que ceux d'en face sont venus à bout de ce jeune militant.
En 1956, il s'est présenté aux législatives. (houuuu !)

IOH · 4 Mai 2018

"La revue Noir et Rouge, fondée en mars 1956, perpétue jusqu’au début des années soixante-dix l’esprit de la synthèse anarcho-marxiste qui animait les fondateurs de l’O.P.B., tout en s’éloignant sur de nombreux points des thèses de Georges Fontenis."

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