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Réinventer la révolution: Refractions

Discussion dans 'Bibliothèque anarchiste' créé par Marc poïk, 11 Mars 2018.

  1. Marc poïk
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    Marc poïk Sous l'arbre en feuille la vie est plus jolie Membre actif

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    Déc 2016
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    CE NUMÉRO DE RÉFRACTIONS EST PARTI D’UN DOUBLE CONSTAT. Le premier, c’est que nous vivons, tout du moins dans ce qu’on appelle le monde occidental, dans des sociétés où la perspective révolutionnaire semble s’être éloignée, sinon avoir complètement disparu.

    Dès lors, le projet libertaire se retrouverait orphelin d’une révolution qui semble pourtant en être la condition nécessaire, et dont il ne faudrait pas perdre le désir. Le second, c’est qu’il existe, ici et ailleurs, quantité d’expériences sociales et politiques dans lesquelles il est possible de se reconnaître et qui se situent explicitement dans un horizon révolutionnaire sans pour autant être concentrées sur l’instant dramatique du renversement de l’ordre établi. Le développement du mouvement anarchiste en Grèce, l’essor, notamment en Espagne, d’un mouvement multiforme de sécession vis-à-vis de l’État et de la société capitaliste, le lent mouvement d’autonomisation porté par les zapatistes au Mexique, voire (pour autant qu’on puisse avoir des informations fiables à son propos) le confédéralisme démocratique tel qu’il serait pratiqué dans la partie syrienne du Kurdistan (Rojava), tous ces processus attirent aujourd’hui l’attention des militants libertaires qui savent que leurs aspirations signifient une subversion complète de l‘ordre existant. Au moment où nous bouclons ce numéro, nous assistons également avec intérêt (et certains d’entre nous participent), en France, aux contestations de la loi « Travail » et au mouvement « Nuit Debout » qui, s’il n’est pas un mouvement révolutionnaire, nous semble néanmoins avoir le mérite d’aller dans le sens de l’inventivité.

    À quoi pourrait donc ressembler aujourd’hui une transformation révolutionnaire ? Peut-on deviner ce que seront les révolutions de demain ? Celles-ci peuvent-elle être cherchées dans la continuité de celles qui ont jalonné le XIXe siècle, et qui avaient toutes plus ou moins la révolution française pourmodèle ? Ou bien, dans les tentatives pratiques qui remettent en cause le fonctionnement même de nos sociétés, de nouvelles formes de révolution sont-elles déjà en cours de réinvention, voire en gestation ? Et ces deux perspectives s’excluent-elles ? C’est à ces questions que s’affrontent les différents articles réunis dans le dossier principal de ce numéro. Comme le but n’est pas de parvenir à y répondre d’une manière univoque, en proposant en quelque sorte clés en main le mode d’emploi des révolutions de l’avenir, les textes en question proposent des perspectives diverses, voire divergentes – qu’il s’agisse du rapport à l’histoire de la révolution en général et de l’anarchisme révolutionnaire en particulier, ou de la signification qu’il est possible de donner à des mouvements en cours –mais sans jamais perdre de vue que, pour des anarchistes, il n’est pas possible de dissocier la préparation de la révolution et sa mise en oeuvre.

    Mais s’il nous est apparu à la fois si urgent et si difficile de dessiner les contours des révolutions dont nos sociétés seraient porteuses, c’est aussi que ces dernières sont affectées par des processus qui vont dans le sens exactement inverse de ce que nous désirons. Comme la plupart de nos contemporains, nous avons été choqués (mais pas nécessairement surpris) aussi bien par les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre dernier, puis Bruxelles le 22mars, que par l’occasion qu’ils ont constituée pour l’État français, comme pour d’autres avant lui, d’étoffer considérablement son arsenal répressif à la faveur de l’émotion générale.Aspirant à une révolution sociale et libertaire, nous ne pouvons être indifférents ni à l’irruption d’une violence extrême adossée à un projet théocratique qui condense à peu près tout ce que nous abhorrons, ni à des mesures prises au motif de l’antiterrorisme qui, tôt ou tard, ne manqueront pas d’être utilisées contre nos propres activités, quand elles ne le sont pas déjà.

    Nous avons ainsi tenu à faire figurer dans ce numéro ce qui peut apparaître comme un second dossier, consacré aux événements récents, aux significations qu’il était possible de leur attribuer et aux perspectives qu’ils dessinaient. On pourra donc lire ce numéro comme la juxtaposition d’un regard prospectif sur la révolution et d’un diagnostic sur les formes actuelles de la contre-révolution.

    La commission
    DOSSIER
    Qu’en est-il aujourd’hui de la révolution et de son imaginaire ?

    La présence du mot « Révolution » dans les média augmenta de façon spectaculaire il y a cinq ans à l’occasion des révoltes du “printemps arabe”, mais ces événements furent-ils réellement des révolutions ? Oui, à mon sens, au même titre que les révolutions bolchevique, espagnole, ou cubaine, ou bien Mai 68 et les soulèvements de 1978 en Iran parmi beaucoup d’autres exemples de discontinuité historique, indépendamment du fait que ces révolutions aient finalement avorté ou réussi. J’essaierai de justifier ce point de vue à partir d’une réflexion sur le concept de révolution, bien que ce ne soit pas le phénomène de la révolution dans sa généralité qui constitue l’objet de cet article, mais plutôt la question de la révolution sociale à tonalité libertaire et celle de l’imaginaire révolutionnaire qui a stimulé depuis plus d’un siècle les efforts pour la faire advenir.

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    Revisiter l’anarchisme révolutionnaire
    À l’heure où les imaginaires, sidérés de terrorisme d’état d’urgence, semblent moins que jamais enclins à se projeter vers un horizon révolutionnaire, quelle pertinence peut-il bien y avoir à revisiter les conceptions de la révolution qui nous ont été léguées par les représentants de l’anarchisme révolutionnaire ? S’agirait-il, dans une période de réaction, de se réchauffer de vieilles tirades sur le caractère inéluctable de la révolution libertaire, voire de réaffirmer on ne sait quelle orthodoxie révolutionnaire anarchiste ? Ou bien, inversement, nous faut-il renoncer à trouver dans les écrits laissés par cette tradition autre chose que des réponses spécifiques à un contexte unique, par définition révolu ? À l’écart de ces deux écueils (l’illusion de la lecture décontextualisée et la stérilité de la lecture exclusivement contextuelle), cet article, tout en faisant droit à l’ancrage historique de l’anarchisme révolutionnaire, fait le pari qu’on peut trouver dans les écrits qui en sont le plus représentatifs de fécondes sources d’inspiration pour le présent et l’avenir.

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    La Révolution n’est pas un désir, c’est une nécessité
    À partir de quel événement pensons-nous que débute une révolution ? Quand et à partir de quoi commence un processus de changement radical d’une société ?
    Déjà dans les siècles obscurs de gestation de la Cité, le pouvoir politique séparait les hommes en dominants et dominés : les puissants et les miséreux, ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ceux qui décident et les autres, la plèbe, la grande masse humaine des dépossédés et des exploités. C’est ainsi que Gustav Landauer pouvait lier la révolution à l’utopie, toutes deux en lutte constante contre un présent qui se prolonge sans fin dans la répétition de soi- même. Aussi loin que nous pourrions reculer dans l’histoire, « nous y retrouverons sans doute institution et révolte », la stabilité de ce qui « est » et la pression insistante d’une pensée qui, niant le présent dans l’indétermination de l’instant, ouvre la voie à ce qui, n’étant pas encore, aspire à devenir.

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    Lento, pero avanzo

    Déceler de nouvelles formes de révolutions dans le monde actuel me semble requérir en premier lieu une distinction entre deux significations de la révolution, l’une comme processus et l’autre comme résultat. Dans le premier sens, elle s’oppose à l’évolution ou aux réformes en tant que renversement rapide ; dans le second, elle s’oppose, en tant que changement en profondeur, à la permanence des structures principales sous des modifications mineures. Les deux significations ne vont pas nécessairement de pair : un renversement brutal (par exemple, une insurrection violente) peut conserver les anciennes structures de base, et une évolution progressive peut aboutir à avoir totalement modifié les cadres. La plupart des débats sur la révolution portent sur le processus même de renversement : on discute pour savoir s’il peut être décidé, prévu, organisé par des sujets, ou déterminé par une nécessité. À propos du résultat, c’est-à-dire de la nouvelle organisation sociale, on discute surtout du rôle du projet révolutionnaire : fait-on la révolution en vue d’une certain société qui nous semble désirable, ou bien vaut-il mieux n’imaginer aucune autre organisation à l’avance, de crainte de fermer la porte à la spontanéité de son avènement ?

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    La Grèce qui ouvre le chemin

    Yannis Youlountas, philosophe et cinéaste militant, est le réalisateur des deux films, Ne vivons plus comme des esclaves (2013) et Je lutte donc je suis (2015), qui est projeté en ce moment dans des cinémas et des lieux de luttes. Les deux films, financés de manière militante, sans subvention étatique, sont en libre accès sur Internet. Le dernier témoigne, avec un souci à la fois esthétique, éthique et politique, des résistances et des constructions sociales anticapitalistes qui surgissent ces dernières années, en particulier en Espagne et en Grèce. Nous avons rencontré Yannis au cours de sa tournée et l’avons interrogé sur la signification des évé- nements grecs au regard du désir mondial de révolution.

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