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Défendre les étudiants en lutte ? Pourquoi faire ?

Discussion dans 'Discussion générale' créé par Fanya, 30 Mars 2018.

  1. Fanya
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    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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  2. social-démocrate
    Toujours le même chantage bidon.

    "Pas d'école = pas d' 'instruction'"

    Bref.

    EDIT / Et oui l'école est une garderie mais surtout un lieu d'apprentissage à la soumission, qu'on sache lire ou pas, et où les violences discriminantes sont quotidiennes.
     
  3. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  4. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Ce qu'on reproche avant tout à "l'éducation" c'est qu'elle soit OBLIGATOIRE.
    Si on demandait l'avis des gamins (sans pression parentale évidemment) y en a pas beaucoup qui iraient volontairement à l'école.
    On ne se rappelle rien ou si peu de tout ce bourrage de crâne imposé "pour leur bien" par des adultes pleins de bonnes intentions. Contrairement à tout ce qu'on apprend volontairement, que ce soit par transmission, lecture, échange et surtout vécu...

    Bien obligée de poster encore ce tract des Lascars puisque y a pas pire sourd que ceux qui ont envie "d'éduquer":

    NOUS CRITIQUONS !

    ETUDIANTS, hier nous étions dans la rue avec vous mais autant vous le dire tout de suite, la réforme 2 Paquets on s’en fout ! Pour nous la sélection a déjà joué. L’Université nous est fermée, et nos CAP, nos BEP nous mènent tout droit à l’usine après un petit tour à l’ANPE.

    Pour nous la loi 2 Paquets est inutile :
    Nous critiquons l’Université.
    Nous critiquons les étudiants.
    Nous critiquons l’école.
    Nous critiquons le travail.

    L’école nous donne les mauvaises places. L’Université vous donne des places médiocres. Ensemble critiquons-les ! Mais ne nous dites pas : il faudra toujours des balayeurs, des ouvriers, ou alors allez-y les gars, ces places-là on vous les abandonne de bon cœur, vous gênez-pas !

    ON N’EST PAS PLUS BETES QUE VOUS, ON N’IRA PAS A L’USINE

    Si vous critiquez la loi 2 Laquais qui ne fait qu’empirer une situation mauvaise, vous n’avez rien compris !

    Du reste votre situation n’est pas de beaucoup meilleure que la notre. Une bonne partie d’entre-vous (60% parait-il) abandonnera ses études avant le Deug ; et ces mauvais étudiants auront droit aux même boulots subalternes et mal payés qui sont notre lot. Et quant aux bons étudiants qu’il sachent que les places moyennes qu’ils auront (les bonnes c’est pas à l’Université qu’on les trouve) ont beaucoup perdues de leur prestige et de leur pouvoir. Aujourd’hui un médecin n’est plus un MONSIEUR, c’est un employé de la sécu. Et qu’est-ce qu’un professeur, un avocat ? Il y en a tant... !

    ETUDIANTS, si vous critiquez seulement la loi 2 caquets et pas l’Université, vous vous battrez seuls et la loi passera d’un coup ou par petits bouts, vous L’AUREZ DANS L’CUL ! Et, si par hasard elle ne passait pas alors tout serait comme avant et la moitié d’entre vous se retrouverait dans les bureaux, vos usines aseptisées.

    ETUDIANTS c’est vous qui êtes appelés à gérer cette société et nous à la produire.

    SI VOUS BOUGEZ, SI NOUS BOUGEONS, TOUT PEU BOUGER.

    Mais si vous voulez seulement jouer les apprentis Tapie, si vous voulez seulement gérer loyalement cette société et devenir à moindres frais, éducateurs, assistantes sociales, animateurs, inspecteurs du travail, cadres, sociologues, psychologues, journalistes, directeurs du personnel ; pour demain nous éduquer, nous assister, nous animer, nous inspecter, nous informer, nous diriger, nous faire bosser...

    ALLEZ-VOUS FAIRE FOUTRE !!!

    Mais si vous voulez, pour commencer, critiquer le système scolaire qui nous exclut et nous abaisse, si vous voulez lutter, avec nous, contre la ségrégation sociale, contre la misère, la vôtre et la nôtre, alors...

    FRERES (SŒURS) AVEC NOUS, ON VOUS AIME !

    DES LASCARS DU LEP ELECTRONIQUE
    décembre 1986
     
  5. Fanya
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    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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  6. social-démocrate
  7. ninaa
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  8. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
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  9. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  10. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    C'est la moindre des choses. Tu tailles systématiquement les autre selon leurs choix de vie, sans vraiment argumenter en général, alors tu devrais au moins accepter qu'on fasse la même chose pour toi.

    "Les étudiants" alors faut pas parler de classe sociale parce que y a des prolos et des bourgeois de toutes sortes mais par contre réduire un étudiant à ce statut et faire des généralités ça te pose aucun problème.
     
  11. blop des plages
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    blop des plages Membre du forum Expulsé par vote Membre actif

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    Le texte de loi parle d'instruction, pas d'école ou d'éducation obligatoire
    Ca dépend des écoles, dans certaines écoles, on apprend la liberté en premier et les enfants choisissent et ne sont jamais forcés.
    Le problème est que les parents préfèrent se débarrasser de leurs enfants à l'école de la république que de créer autre chose, l'école est pour les parents un moyen de se débarrasser des gamins la journée
    Cette année, je me suis battu pour sauvegarder une école d'un village proche qui comporte une 100aine d'élèves, il y avait 3 parents avec nous pour se battre, les autres ne se sentent pas plus préoccupés que ça par l'avenir de leurs enfants
     
  12. Fanya
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    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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  13. social-démocrate
    En quoi tailler les "choix" de vies devrait être redevable de quoi que ce soit ? Ce genre de remarques est faite pour taire toute critique externe à un "mouvement". Un "mouvement" conservateur encore une fois. Ca tente de repousser une loi pour un "retour à la normale" métro, boulot et dodo en non mixités et à l'année prochaine si Dieu le veut !

    J'ai bien écrit "les étudiants qui dénoncent les privilèges de certains" et non "les étudiants".

    Je vois pas non plus où j'ai écris qu'il fallait pas parler de classe sociale. Par contre j'ai écris que je refusais le rôle "historique" ou messianique qu'attribue la métaphysique marxiste à la classe exploitée. C'est l'effet de la Messe qui qui déforme ta perception du réel ? ^^
     
  14. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  15. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Non, parce qu'au cas où t'aurais pas compris encore je suis extérieur au mouvement et je le critique, je n'aime pas le milieu étudiant mais au moins je sais de quoi je parle plutôt que balancer des généralités débiles genre "les étudiants sont des privilégiés", "ils défendent que leurs intérêts corporatistes" (alors que ça doit être la catégorie de la population pour laquelle c'est le moins vrai) ou "ils défendent l'école" (juste parce qu'ils y vont).

    Parce que si tu tailles c'est que tu estimes que ces personnes sont responsables de leur situation (donc le terme "choix" est approprié, pas besoin de guillemets), qu'elles auraient pu choisir une autre voie. Alors dis-nous ce que c'est que faire les bons choix. Sinon t'es juste un arbitre qui distribue les bons et les mauvais points. "étudiant ? 2/20, cheminot 3/20, squatteurs 5/20" et après tu parles d'essentialisme.
    Alors d'après moi tu fais juste ça pour la provoc. Mais ça sert à rien. J'ai pas attendu que tu viennes sur ce forum pour chier sur l'institution scolaire. Tu m'apprends rien, tu me choques pas en disant que faudrait brûler les écoles. Mais quelque chose me dit que t'as jamais été capable de le faire. Alors c'est bien d'être radicale dans la tête mais si en pratique ça se traduit par distribuer les points je pense pas que ça fasse avancer quoi que ce soit.
    Même si je sais que tu t'en fous de tout et que tu veux rien faire avancer...
     
  16. Fanya
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    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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  17. social-démocrate
    Ya un truc qui s'appelle rébellion et qui est très rarement mise en pratique par les étudiants. Ce qu'ils font en général c'est étudier docilement puis se trouver un taff jusqu'à la tombe. Et moi je respecte pas ça. Comme je respecte pas l'école ni ses figures d'autorité que sont les profs parce qu'ils apprennent à lire, compter, calculer. A mon avis quand ils nous ont appris ça (avec un "succès" relatif d'ailleurs) à coup de matraquages et d'horaires insuportables, c'est de leur montrer au minimum de l'ingratitude afin qu'ils comprennent que le système qu'ils entretiennent et légitiment est méprisable, et eux avec. Les seuls étudiants que je "respecte" c'est les fouteurs de merde, les branleurs, les rêveurs qui comptent les nuages au lieu d'écouter les profs, ceux qui dorment pendant les cours, ceux qui pratiquent l'école buissonière, ceux qui n'en ont rien à branler de l'école et qui vomissent dessus comme sur le monde qui va avec, ceux qui disent merde aux profs et au pions, ceux qui leur balancent des claques quand ces derniers les humilient (ce qu'ils font déjà 8h par jour...comme des patrons). Pas ceux qui se contentent de s'opposer à une loi pour étudier tranquilles. Des élèves qui crachent sur des profs c'est jouissif ^^

    "Faire avancer" quoi ? J'ai pas ce pouvoir et même si je l'avais je le refuserais.
     
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  18. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  19. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Sauf que tu te rends pas compte de la proportion que c'est.
    D'ailleurs ça veut rien dire et tu continues à essentialiser.
    Y a pas des "branleurs" par nature, ni des "rebelles" par nature. Selon le cours ça t'intéresse plus ou moins. Même les plus fayots peuvent se retrouver dans un cours qui les soulent tellement qu'ils se mettent à rêver, à discuter...
    Pareil pour la rebellion, de quoi tu parles ? ça dépend du prof. T'as des étudiants qui vont s'entendre avec certains profs alors que d'autres étudiants s'entendront pas avec. Tu respectes un fayot qui s'insurge quand le prof lui file la même note qu'à un de ses camarades qui a moins travaillé ?
    En plus tu ne parles pas de tous les étudiants qui ne savent pas à quoi s'attendre en rentrant à la fac et qui une fois entrés à la fac sont engagés dans une formation, qu'ils ont payé, bref plein de choses très concrètes qui font que, sans forcément aimer la fac, ça incite pas à la quitter.

    Et qui te dit que ce sont pas les mêmes ?

    Je te l'ai dit : t'estimes que l'école est une nuisance, et tu penses que c'est objectif, peu importe la façon dont c'est vécu par l'élève il est objectivement dominé dans sa relation au prof. Alors comment faire pour arriver à un monde sans école ?

    Et même d'un point de vue individuel, toi tu t'en bats peut-être les couilles du monde autour de toi mais moi ça m'intéresse. Je fais comment pour apprendre des choses dans le domaine qui m'intéresse tout en étant un "rebelle" ?
    Si t'es à la fac t'as des bourses et le statut d'étudiant de donne droit à des réductions, mais "la fac c'est une prison" (et en même temps "les étudiants sont des privilégiés", perso je vois pas comment on peut être prisonnier et privilégié). Travailler c'est être soumis.
    Je vis dans un squat, je vole ce que je dois manger ou le récup' dans les poubelles et je trouve du temps pour lire des livres, regarder des films sur le sujet qui m'intéresse ? Ou bien je fais une croix sur ce qui m'intéresse parce que "si étudier ce qui t'intéresses implique de se soumettre à l'institution scolaire plutôt crever ignorant !" ?
    Je dis pas que la fac c'est la meilleure solution de toutes, c'est peut-être ça que tu comprends pas et qui fait que t'as envie de provoquer comme si ça me touchait. Je dis que dans le monde réel y a pas de réponse simple à cette question. Et que c'est facile de théoriser et de tailler sur un forum.
     
  20. Fanya
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  21. social-démocrate
    T'as l'art de déformer mes propos et de m'attribuer des pensées qui ne sont pas les miennes quand ce que j'écris va à l'encontre de ce que tu penses.

    Soit.

    Je vais finir par te bloquer ^^
     
  22. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  23. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Voilà, du coup dis quelles solutions tu proposes comme ça on arrêtera de faire des suppositions.
     
  24. Fanya
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  25. social-démocrate
    Je suis pas pour les "solutions", j'ai pas ma carte au parti anarchiste dont le projet à suivre à la lettre est une société parfaite, et ne suis pas d'accord avec les militants qui pensent pouvoir appliquer leur méthode scientiste au social (un problème A ? une solution B !).

    Mais si t'insistes :

    La famille étant le premier système d'oppression conduisant à faire accepter l'autorité du prof, du pion, du patron, du flic etc., alors il faut commencer par rejeter l'autorité parentale au plus tôt pour les rejeter toutes par la suite. Contre le pouvoir il n'y a que sa destruction ou la fuite. En plus si ça bouzille la famille c'est nickel.

    Voilà c'est tout ^^
     
  26. IOH
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    Le monde de l humanisphere est un monde où les enfants sont libérés à 3 ans. Je trouve ça intéressant , on en est loin.
     
  27. raaph
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    raaph Membre du forum Membre actif

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  28. libertaire, anarchiste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    On peut etre Anar' et lutter contre cette loie,car lutter contre ca ne signifie pas forcément etre conservateur
     
  29. raaph
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    raaph Membre du forum Membre actif

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  30. libertaire, anarchiste, anti-fasciste, anti-autoritaire



    je dois avouer que j'adore ce coté pour ainsi dire nihiliste de ce message^^
    mais je suis pas vraiment d'accord avec ce que tu avance. Toi meme tu parle de rebellion mais t'es tu deja rebeller toi meme?
    Tu vois ajd j'ai 16piges chui bloqué dans une salle de cours la moitié de mon temps et je partage ton point de vue sur au moins une chose:Je n'aime pas cette ecole et elle est en grande partie la pour nous soumettre
    à l'autorité et pour nous formaté.
    Il n'empeche que je suis la,si je devais me classer je dirais que je fait partit "de ceux qui comptent les nuages" que tu devrais donc respecter.Et pourtant ô sacrilege j'avoue que j'aime l'histoire et les langues et qu'il m'arrive de lire plus de fois le bouquin etudié que le prof lui meme et que j'ai mes bonnes notes car j'aime apprendre, me cultiver et decouvrir et oui je sais compter je sais lire grace a l'ecole et je l'en remercie. Si je n'avais pus apprendre ca je serai pas en mesure de l'envoyer chier ajd et d'etre casi totalement autodidacte pour a peu pres tt les sujets.

    et si c'est jouissif de cracher sur les profs n'oublions pas qu'ils sont des êtres humains
     
    Anarchie 13 et allpower aiment ça.
  31. Fanya
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    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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  32. social-démocrate
    Quelques extraits de NI VIEUX NI MAITRES (édition de 1983), un vieux bouquin dont je n'apprécie guère les auteurs mais qui est encore en partie pertinent :

    ----------

    LE SERVICE SCOLAIRE

    Je rêve quelquefois que je vais encore au lycée et que je ne sais pas mon cours. C’est angoissant. Voilà ce qu'on fait de nous. Ah ! Les salauds ! Mais il faudrait nous désapprendre le contraire. Tas de cons !
    Pierre Herbart. Inédits.

    (...)

    Le seul vrai problème pour les enfants de six ans, c’est l’organisation du temps et de l’espace. Si les parents les plus « radicaux » laissent leurs gosses à l’école, c’est que comme tous les autres ils ont besoin d’en être debarrassés huit ou dix heures par jour. (...)

    Comment prendre la responsabilité de marginaliser nos enfants, de les envoyer sur le marché du travail sans diplôme, pleurnichent les de-gauche. Fausses questions, mauvais prétextes. Ils savent très bien qu’on apprend rien à l’école que l’on n’ait oublié le mois ou le trimestre suivant. Et qu’on ne nous parle pas d’illettrés ; toutes les expériences d’écoles parallèles, et ce depuis soixante ans, au cas où l’observation individuelle ne suffirait pas, montrent que l’enfant apprend à lire et à écrire en quelques jours dès qu’il l’a décidé. Ce que l’école ajoute, ce sont les phobies, les blocages, les dyslexies, les dégoûts irréparables (1). Quant au « marché du travail », qui a envie du salariat ? Qui veut devenir marchandise ? L’enseignement est à ce point déconsidéré chez ceux-là mêmes qui sont censés en recueillir les produits, les patrons, que les diplômes courants ne valent plus rien. Il ne s’agit plus que de plier les jeunes à l’idée du travail. Peu importe lequel ; s’il le faut on rouvrira les grands chantiers comme en 1848. On inventera des emplois, on les divisera par deux au nom du droit aux loisirs. L’essentiel est de sauvegarder l’illusion que l’ennui salarié est la seule « activité humaine » possible.

    Centenaire

    L’instruction publique et obligatoire est centenaire, un bel âge pour mourir. Les adultes parlent du droit à l’instruction ! Ce « droit obligatoire » n’est pas un hasard monstrueux du langage ; il dit bien la vérité de l’école. Le droit pour la façade, parce que Jules Ferry et consorts étaient des bourgeois éclairés, démocrates et modernes. Obligatoire, parce qu’il s’agissait avant tout de rendre les enfants de la classe ouvrière utilisables pour le système industriel en mutation. L’école est d’abord un lieu de concentration, d’instruction civique et morale. Elle n’est pas née du cerveau tordu d’un bienfaiteur de l’humanité ; elle a été rendue nécessaire par le développement de la société bourgeoise. Qu’il existe encore des enseignants persuadés qu’en emmerdant avec conscience des milliers d’élèves, ils les mènent sur les sentiers fleuris de la démocratie, n’y change rien.

    Chacun sait aujourd’hui que l’institution scolaire est en faillite. Seuls les syndicats d’enseignants s’accrochent encore à leur racket. Ils sont progressivement lâchés par leurs alliés d’hier, prêts à liquider un jour ou l’autre ce corps gangrené, à condition bien sûr d’imaginer une nouvelle forme de contrôle de la jeunesse. (...)

    L’institution scolaire n’est pas près d’être « soignée » comme le souhaitent certains pédiatres. Sa fonction réelle a toujours été et reste l’enfermement et le redressement des enfants. Ceux qui ne peuvent supporter un tel traitement sont exclus ou brisés. Quant aux autres, qui décrochent un bac ou un certificat, rien n’autorise à les porter au crédit de l’école, comme si pour eux au moins le système fonctionnait harmonieusement ! Anciens écoliers, nous sommes bien placés pour mesurer le cynisme d’un tel mensonge.

    Rien à perdre

    Les enfants n’ont rien à perdre à la mort de l’école. Ils gaspillent là leur jeune âge et beaucoup de leurs forces vitales. L’abrutissement démarre en douceur, ou pour mieux dire, de manière doucereuse, à la maternelle. Celle-ci a curieusement gagné une réputation de modernisme éclairé quand on continue à y pousser l’ignorance de ce qu’est un jeune enfant jusqu’à la caricature. Disons que la maternelle est à l’école ce que les congés payés sont au salariat. Le dressage se poursuit dans le primaire puis dans le secondaire. Culture bourgeoise, morceaux mal choisis de bon français, ahurissante histoire de France déjà truquée et bientôt revue par les militaires, etc. Ce que l’on apprend surtout, c’est l’obéissance, le respect de la hiérarchie, la concurrence débile pour des « images » ou des notes, l’angoisse de l’échec, la peur des réprimandes, la séparation des moments de la vie, les horaires, les règlements.

    Le bourrage de crâne s’organise au mépris même de la loi. La circulaire du 29 décembre 1956 indique que dans le primaire « aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe ». Cela fait plus de vingt-cinq ans que les enseignants ignorent ce texte avec la bénédiction des parents, trop heureux de voir leurs rejetons occupés. (...)

    Les profs

    Vieux ou jeunes, sympas ou non, les profs te font vieillir. Ils sont la première ligne du système d’éducastration nationale. Ceux de gauche se défendent en expliquant qu’ils sont eux aussi victimes, obéissent à une hiérarchie et d’ailleurs font ce qu’ils peuvent pour égayer ta détention.

    Principe : En analyse d’oppression, les plus opprimés passent d’abord. L’oppression que subissent profs ou parents n’est jamais une excuse pour opprimer plus faible. (...)

    Idée : Le prof ne se définit pas par le savoir qu’il détient en principe, mais par le pouvoir réel qu’il a sur ta vie. Il connaît la date de la bataille de Marignan ; si toi tu l’as oubliée, il peut te coller un 0 qui te fera étaler en conseil de classe (imagine toujours le prof sympa en conseil, quand tu ne le vois plus (2) et priver de sorties par tes vieux. Lui, à la source, est innocent ; il ne fait que contrôler ta mémoire des chiffres, mais il sait ce que tu risques à la maison. Il exerce son pouvoir de t’emmerder en parfaite connaissance de cause (idem pour pions, surgé, dirlo).

    Détruire l’école

    Le pouvoir a retenu du mouvement révolutionnaire de 1968 qu’il faut faire participer les lycéens à la bonne marche des bahuts. L’idée est simple : vous ne pouvez plus vous révolter contre le lycée puisque le lycée c’est vous. Excellent apprentissage des mystifications électorales. Depuis, le mouvement lycéen radical n’a cessé de dénoncer la participation, soit par le boycott pur et simple des élections, soit par la dérision. En 1970, par exemple, des lycéens d’Evian sont élus au conseil d’administration sur le programme : foutre la merde. Programme qu’ils appliquent scrupuleusement, et développent dans leur journal Le pavé des enragés, orgasme du lycée d’Evian. Traînés devant le conseil de discipline, les « meneurs » y font entendre au milieu de force boules puantes et ampoules lacrymogènes, leurs témoins de moralité : « Un tel est très sérieux, il apporte beaucoup à la classe, et qu’est-ce qu’il baise bien ! »

    Depuis la grande trouille de 1968, les administrations ont repris du poil de la bête. Ces gens qui n’osaient plus sortir de leurs bureaux se permettent tout, à commencer par l’absurde interdiction de fumer, réintroduite sous prétexte d’hygiène, en passant par le fichage policier des élèves, jusqu’aux motifs de renvoi les plus grotesques : avoir tenu la main d’un(e) ami(e) dans l’enceinte du lycée ! Certaines administrations ne dédaignent pas de travailler avec la police. Signalons à ce propos que les enseignants, et à plus forte raison le personnel administratif, ne sont pas tenus au secret professionnel. Ils ne peuvent donc pas l’invoquer pour refuser de dénoncer des élèves (une institutrice de Cholet fut condamnée en novembre 1978 à 600 F d’amende pour refus de témoigner).

    La cogne

    Les coups, relativement rares dans les lycées classiques, sont courants dans le technique, où c’est carrément une méthode pédagogique. De temps à autre, les autorités s’émeuvent de ce que des élèves ou leur famille viennent contester ladite méthode à grand renfort de baffes (quand papa s’en mêle, c’est sur le mode : « Mon fils, c’est à moi de le frapper. »).

    Les profs qui font courir à leurs élèves le risque de la répression physique des parents, par leurs notes et leurs appréciations, apprennent brutalement qu’ils partagent le risque, et qu’un 0 vaut vraiment un coup de poing dans la gueule. Un responsable de l’Education nationale remarquait justement : « Les nouveaux établissements secondaires sont plus accueillants mais très difficiles à protéger (3). » Des proviseurs de la région de Nancy-Metz ont même demandé en juin 1979 l’autorisation d’acheter des chiens dressés pour protéger leurs lycées (4). Voilà qui a le mérite d’être clair.

    Les châtiments corporels sont en principe interdits dans les établissements d’enseignement français. En Angleterre, ils sont toujours légaux. La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg a examiné le 25 février 1982 la requête de deux familles dont les enfants avaient été renvoyés de leur école pour avoir refusé semblables traitements. Tout en déplorant leur renvoi, la Cour a estimé qu’il «n’est pas établi que le simple risque de subir un châtiment corporel humilie ou avilisse les élèves ». Maman, qu’est-ce que c’est les droits de l’homme ?

    Sabotage !

    Le mouvement lycéen pratique de longue date le sabotage matériel des bahuts : soudure des grilles, carreaux brisés, mobilier déménagé, serrures bouchées, feuilles d’absence brûlées ou volées, etc. Il serait injuste de ne voir là qu’une volonté délibérée de rendre fous les encadreurs de la jeunesse ; certaines actions relèvent du civisme et de la bonne camaraderie. C’est ainsi que de nombreux élèves ont à coeur de tester le système de sécurité de leur bahut en soufflant de la fumée de Gauloise à proximité d’un détecteur d’incendie. On est rassuré par la sirène. Les alertes à la bombe par coups de fil anonymes sont l’occasion de sains exercices d’évacuation des locaux. Bref, en attendant l’imagination au pouvoir, l’imagination contre le pouvoir. (...)

    La culpabilité

    La culpabilité envers les adultes est le plus grand obstacle à la radicalisation des jeunes. Même si tu te réjouis de ce que la grève fait sauter le contrôle de maths, tu diras : « Je me bats contre la réforme Truc. » Les adultes réussissent à faire croire aux dominés-enfants que ce qu’ils pensent et ressentent ne vaut rien, n’existe pas. Tu sens que le printemps est là, qu’il ferait bon sécher les cours, et se sourire dans la rue ; ne fais pas l’enfant, c’est pas sérieux. Il faut participer à des réunions aussi ennuyeuses que les cours. On organise même des contre-cours (?!), pour prouver aux profs qu’on peut être aussi chiants qu’eux. Le soir, il faudra te justifier en persuadant papa que la réforme Machin est inacceptable. Si papa est de gauche, tu iras jusqu’à parler d’autogestion (de quoi ?). Papa dira : « Vous voulez surtout vous balader au soleil ! » Et tu protesteras, tu veux que les adultes te croient. C’est le piège. En guerre, l’opinion de l’ennemi sur tes armes ne compte pas. Sécher, ne rien faire, faire l’amour, piller des magasins, foutre le feu aux banques ne sont pas des actes sérieux et responsables disent les adultes. Qu’importe puisque c’est contre eux et leur monde sérieux que tu te bats.

    Les adultes sont sérieux, admettons, et t’oppriment, sans discussion. Ou tu choisis d’être reconnu par eux (collaborer), ou tu cherches à ne pas leur ressembler, y compris et d’abord dans la lutte. Vieux principe : il n’y a pas de différence entre la forme et le fond d’une lutte, entre la fin et les moyens. On ne détruit pas un monde d’ennui avec des moyens chiants. (...)

    Notes

    1. Dernière trouvaille pour lutter contre l’inadaptation scolaire et « faire renouer les élèves en difficulté avec le succès » : le tir sportif. L’expérience menée à Mende (cf. Le Monde du 14-15 mars 1982) a l’appui de l’armée qui prête carabines et locaux, et du ministère de l’Education. Les jeunes immigrés des cités seront sans doute appelés dans un proche avenir à bénéficier de cette mesure. On ne peut que rendre hommage aux responsables de cette initiative, disposés à préparer la guerre civile pour avoir la paix scolaire.

    2. Consulter : Un conseil de classe très ordinaire, de Patrick Roumard, Ed. Stock.

    3. France-Soir du 17 fév. 1978.

    4. Le Monde du 16 juin 1979.
     
    Anarchie 13 apprécie ceci.
  33. :) !
     
  34. Fanya
    Offline

    Fanya Membre du forum Compte fermé Membre actif

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    Août 2015
    Austria
  35. social-démocrate
    Oui, et les policiers, les matons, les nazis aussi sont des êtres humains...

    Quand j'écrivais cracher dessus c'est en réaction aux humiliations quotidiennes, pas "gratuitement", encore que les profs qui acceptent d'imposer les normes scolaires aux élèves ne méritent peut-être rien d'autre. Un signe de politesse qui sait ?

    [​IMG]

    ^^
     
  36. J'adore la photo (une date ?) (en la téléchargeant, j'ai vu en fait qu'elle datait de 68)

    Néanmoins, les profs ne sont pas dans la même catégorie que les keufs et les matons, et encore moins que les nazis !