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La domination adulte

Discussion dans 'Libération des enfants' créé par Anarchie 13, 9 Novembre 2013.

  1. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  2. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Qu'est-ce-qui te fait dire qu'un enfant attend de ses parents un cadre ? Je pense pas qu'on naisse avec un programme dans la tête, un enfant n'attend rien de ses parents sauf ce qu'on lui a appris à attendre d'eux.

    Bien sûr, et un flic ou un prof essaye toujours de faire au mieux en fonction des contraintes qu'impliquent son rôle. L'enfer est pavé de bonnes intentions. ça doit pas nous empêcher de remettre en cause la relation adulte / enfant, qui est une relation de domination. Même si on sait qu'elle est stimulée par un système et ses structures et qu'on ne pourra probablement pas la dépasser sans changer globalement la société.
    D'ailleurs on parle de "parents" mais dans le fond ça n'a vraiment de sens que si on admet comme postulat la famille nucléaire (ou ses dérivés).

    Pour moi seules des situations d'urgence peuvent justifier qu'on se contente d'un ordre sans explications (genre une personne recule en direction d'une falaise) mais ça quelque soit l'âge ou le sexe ou la "culture" de la personne concernée. Dès lors que cette manie devient institutionnelle, je crois qu'il faut la remettre en question.
     
  3. SuperSlut
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    SuperSlut Membre du forum Membre actif

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    Entièrement d'accord quand tu dis que l'enfer est pavé de bonnes intentions et tout (ouais j'avais la tête dans le cul quand j'ai écris ça j'ai un peu versé dans la niaiserie).
    Je suis d'accord aussi sur le fait qu'on ne parle pas que des parents comme dans une famille nucléaire mais des adultes référents.

    Par contre j'ai du mal à saisir quand tu dis que l'enfant n'attend des adultes que ce qu'on lui a appris à attendre. D'un côté tu me dis que les enfants n'attendent pas de "cadre" des adultes, et d'un autre qu'ils attendent ce qu'on leur a appris d'attendre? Un enfant humain élevé par des loups attendra des cadres de loup certes, mais des cadres quand même.
    Ce que j'entends par cadre c'est la sécurité de pouvoir manger, dormir, et savoir se comporter avec ses semblables.

    Et aussi j'ai jamais dit que j'étais pour un ordre sans explication, je dis juste que explications faites ya des fois où non c'est non. Mais je suis d'accord que si le non sans justification devient automatique et institutionnel, ya clairement des choses à remettre en question.

    Mais là on est dans un débat très théorique, parce que dans les faits, face à un enfant, quelque soit sa culture, son âge ect il faut s'adapter à lui, et là ya pas de grand principe qui tienne. C'est un peu ça aussi qui m'agace dans ce débat.
     
  4. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  5. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ouais, ce que je veux dire c'est qu'un enfant n'attend pas de cadre des adultes par nature. Peut-être qu'actuellement la plupart des enfants attendent effectivement un cadre (mais ça j'en sais rien) mais ce n'est pas parce qu'ils ont moins de 7 ans ou je ne sais pas comment tu définis l'enfance, c'est parce qu'on leur a appris qu'il faut un cadre et que ce sont les parents qui savent lequel...
    Après donner un ordre ou pas avec ou sans justification c'est une question de tempérament, c'est pas là que je veux en venir, ce que je veux dire c'est que lorsque ça concerne des enfants, donner des ordres sans justifications est systématiquement légitimes, c'est de la discrimination en fait. bref je suis aussi fatigué...
     
  6. hexbinmos
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    hexbinmos Membre du forum Membre actif

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    Mai 2012
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    Dans toute pratique il y a des théories sous-jacentes, je ne crois pas que "la pratique" soit une entité absolue, c'est comme "les faits" on regarde "les faits" d'un certain point de vue, il n'y a pas de "pratique" ou "faits" absolus.
    Ici, quand certains disent "face à un enfant en pratique tu vas être obligé(e) de", en effet il y a un fait qui se produit face auquel on ne sait pas comment réagir (surtout dans le feu de l'action), mais j'ai l'impression que pour certains ce fait suffit à dire que le point de vue qu'ils ont eu sur lui est absolu car il est connecté à une expérience pratique.
    Je pense que le fait "l'enfant se met à tout casser dans la maison" peut être vu comme "c'est un enfant, je dois l'arrêter car je suis responsable de lui" mais aussi être vu comme "un individu, quel que soit son identité (âge, sexe, origine), casse tout dans un lieu et sans réel motif acceptable" ou encore "quelque chose a provoqué une grande colère chez cet individu" etc.
    Ces points de vue entraînant des réactions différentes car l'individu en question ressent le type de point de vue avec lequel on agit, ce qui peut entraîner soit de la crispation soit du calme, donc de nouveaux faits donc de nouveaux points de vues et de nouveaux ressentis etc.
    Enfin je veux dire, "la théorie" n'est là que pour faire évoluer nos points de vues sur la pratique et faire évoluer les pratiques vers le "mieux" selon les points de vues que nous avons développé dans la théorie.

    Tout ça pour répondre à ce que tu dis en disant :
    Je pense qu'il y a des principes qui tiennent tout le temps face à un enfant (mais n'importe quel individu en général).
    Si ton principe c'est "l'enfant est un individu comme les autres qui sont mes égaux, je dois le regarder comme tel, peu importe ses actes." alors ton expérience pratique va réellement changer, et ce précisément car la personne en face de toi est un être humain qui ressent comment tu lui parles et comment tu le vois. Car peu importe l'individu, si il te casse les couilles tu va avoir envie de tenter quelque chose pour le faire arrêter ça, mais si l'individu est ton égal tu vas pas te permettre les mêmes actions ni le même ton pour lui faire arrêter ça, ce qui va pouvoir le faire arrêter ou pas son action.
    Tout ça n'est évidemment pas froidement réfléchi dans l'action, tout ça se passe en quelques fractions de secondes mais cela montre l'importance des réflexions théoriques selon moi : préparer les points de vues de la pratique pendant laquelle on n'a pas le temps de réfléchir.
     
  7. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  8. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ouais voilà c ça que je voulais dire.
     
  9. SuperSlut
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    Ouais j'vous suis. J'suis vraiment trop dead pour répondre un truc plus constructif mais globalement j'crois qu'on a réussit à se rejoindre.
    Si j'ai envie de chipoter sur des détails je verrai ça demain, le dimanche c'est trop dur ^
     
  10. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  11. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je suis maman de deux ados (quinze et dix-sept ans), famille "classique" (papa et maman cohabitent avec les deux inconnus qu'ils ont balancé dans la vie).
    On n'a jamais eu aucune volonté d'éducation, pas plus qu'on ne prémédite nos relations amicales ou amoureuses. J'ai pas remarqué que nos enfants réclamaient un cadre. Pour les "valeurs morales" il me semble qu'on transmet surtout ce qu'on est (par ex si on ne respecte pas ses enfants à quoi bon leur seriner qu'il faut respecter les autres?).
    C'est arrivé qu'ils fassent des bêtises vraiment emmerdantes (genre casser des trucs, acheter pour des centaines d'euros de gadgets pour un jeu en ligne...) quand ils étaient tout petits, je dois dire que j'aurai réagi beaucoup plus mal si c'était venu d'adultes!
    Sinon c'est pas parce que les tout petits ont besoin des adultes pour la nourriture, le logement, etc. que ça nous donne le droit de leur donner des ordres imbéciles.

    [​IMG]

    Cette BD autobiographique montre le quotidien d'enfants dans un orphelinat dans l'Espagne d'après la guerre civile. L'auteur, qui a passé son enfance dans un centre d'accueil de l'institution phalangiste Auxilio social (Aide sociale), s'est servi de ses souvenirs et de divers témoignages pour raconter les brimades et les sévices que subissaient les enfants.
     
  12. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  13. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    ça c'est une question vachement intéressante.
    Parce que les enfants peuvent être vraiment cruels entre eux, et ça non plus c'est pas inné.
     
  14. SuperSlut
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    SuperSlut Membre du forum Membre actif

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    Ouais et c'est assez ouf de voir comment ils reproduisent ce qui se fait dans la société à l'échelle de leur cours de récré.
     
  15. moosh
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    moosh Membre du forum Membre actif

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    Juil 2012
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    Salut tout le monde !

    Bon je débarque sur ce sujet, je me suis fadée de lire tous les messages, donc j'y ai passé pas mal de temps, et j'y ai pas mal réfléchi, mais ça n'excuse en rien mon retard, donc dites-le moi direct si j'arrive après la guerre et que vous avez plus du tout envie de parler des enfants et des choses qu'on leur apprend.

    Moi, dans le cadre de mes études, et à titre personnel, j'ai pas mal bossé sur la critique de l'éducation à la française, et en parallèle, sur les pédagogies alternatives. J'entendais par "alternatives" les AUTRES c'est à dire les pédagogies géographiques (à travers les pays d'Europe) et les pédagogies non démocratisées (Montessori, Freinet, Steiner et compagnie).

    Ce que j'ai tiré du travail fournit à propos de la pédagogie, des bouquins que j'ai lus etc, c'est assez simple : il y a deux types de pédagogies. La pédagogie "outil" (on te fait apprendre ce qu'on veut grâce à une méthode), et la pédagogie "finalité" (on t'aide à apprendre par toi-même). Pour prendre un exemple concret, je vais citer deux grands noms de la pédagogie : Montessori et Freinet.
    Montessori, en gros c'est apprendre via le jeu et le matériel. C'est très bien, tu apprends à ton rythme, tu n'as pas de pression, mais n'empêche qu'on te donne quand même des objectifs à atteindre, qui sont dictés par une personne précise : la personne qui encadre le groupe et qui doit avoir un diplôme qui atteste de sa compétence à appliquer la méthode Montessori. On peut, en fait, te faire apprendre ce qu'on veut, par le jeu. Là, c'est la pédagogie "outil" : on te fait avaler n'importe quoi, sous couvert de "ah mais c'est une méthode douce, il joue."
    Freinet, lui, c'est plus simple : dans ce modèle pédagogique, l'enfant dit "j'ai envie d'apprendre ça" (il peut s'agir d'un métier, d'une technique de dessin, d'agriculture..., d'un moment de l'Histoire, des caractéristiques d'un pays, d'un jeu...), l'adulte référent va dire "ok, je te prépare ça pour la prochaine fois, en attendant, écris-moi tout ce que tu veux apprendre en détails, pose-toi des questions". La fois d'après, le type revient et hop, les enfants, en groupe, commencent LEUR travail d'apprentissage, par leurs propres moyens. Si par exemple ils ont envie de découvrir comment on crée un joli potager, ils doivent eux-mêmes (avec l'aide du prof si nécessaire bien sûr) entrer en contact avec un jardinier, fixer un rendez-vous, lui expliquer pourquoi ils veulent le voir, préparer des questions, et puis après une fois sur place, prendre des notes, après faire un travail de restitution pour le reste de la classe donc apprendre à s'exprimer à l'oral, et puis faire eux-mêmes un potager dans la cours de l'école (là, ils vont acheter des graines au marché par exemple, donc il faut se renseigner sur quoi qui pousse quand et comment etc... apprendre à gérer son budget, apprendre la patience et la minutie, le nom des fruits et des légumes, leurs apports ; le nom des outils utilisés...) BREF que du bénèf'. C'est une pédagogie "finalité", parce que les enfants font leurs trucs et ils kiffent. Le prof n'est là qu'en tant qu'aide, il ne se prend pas au sérieux parce qu'il n'a pas besoin de qualification particulière pour appliquer la méthode.

    Moi, Freinet, je le kiff. Il m'a fait rêver.
    Vous pourriez lire "la farine et le son" (école Bonnaventure sur l'île d'Oléron).
    Voilà, c'était tout.
     
  16. KickTick
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    KickTick Membre du forum

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    Mai 2012
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  17. extrême-gauche, révolutionnaire
    Il à écrit des bouquins ?
     
  18. moosh
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    moosh Membre du forum Membre actif

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    Juil 2012
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    Alors Freinet, j'ai pas eu l'occasion de bouquiner beaucoup de ses écrits personnels, j'ai basé mon travail surtout sur des études externes, ça permettat de prendre du recul sur sa philosophie pédagogique. Par contre, je sais qu'il a écrit plusieurs livres, L'école moderne française (1946), où il explique en fait très concrètement sa vision de l'école, de la classe, de l'enfant, de l'élève et de l'adulte. Il explique aussi genre tout le matériel, les méthodes, une journée type... tout ça. J'ai lu quelques passages, et plusieurs personnes qui l'ont lu m'ont dit que c'était pas mal, même si c'est forcément un peu vieux et qu'on pourrait faire beaucoup mieux, puisque tout système est critiquable...

    Après, sinon, j'ai plusieurs bouquins à te conseiller :
    - Libres enfants de Summerhill d'Alexander S. NEILL (c'est super connu y a des reportages et tout, mais le bouquin est vraiment cool, c'est pas mal écrit, et puis y a plein d'idées à prendre. Perso, une des critiques par contre, que j'adresserais à la pédagogie de NEILL, c'est son rapport à l'argent : quand un enfant est punit, sa punition est souvent de donner de l'argent, on en pense ce qu'on veut, il faut lire d'abord en tout cas.)
    - L'autogestion pédagogique, entre utopie et possible de Thierry DUCROT (tout est dit dans le titre n'est-ce pas ? J'ai moins aimé la manière d'écrire, à certains moments c'est un peu "hautain", enfin au niveau du langage)
    - Bilan d'une république éducative et libertaire : Bonaventure, la farine et le son (l'école d'anarchistes sur l'île d'Oléron, renseigne-toi pour quoi elle a été fermée, je m'en souviens plus, mais dans mes souvenirs c'était un mélange entre un truc badass et un truc plus technique genre les locaux n'étaient pas aux normes pour accueillir des enfants ; c'est un livre très court et génialissime)

    Voilà.

    (Par contre, pour revenir à mon message précédent, je tiens à noter que l'idée de pédagogie outil et pédagogie finalité est la mienne, j'ai tiré cette idée de mes analyses, des entretiens et observations que j'ai réalisés etc..., donc ce ne sont pas des concepts "officiels" quoi)
     
  19. B.A.R.J.O
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    B.A.R.J.O B.A.R.J.O Membre actif

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    Nov 2015
  20. libertaire
    libres enfants de summerhill

    salud !

    j'ai lu cette discussion avec intérêt et, remarqué dans le com de moosh, cette allusion au livre, "libres enfants de summerhill" de A.S Neill. je mettrai sous peu et à disposition de tous ce livre en ebook.
    par ailleurs, j'ai trouvé un docu auquel moosh fait référence :
    "les enfants de summerhill"
    vous pouvez le télécharger ici :

    http://forums.resistance.tk/message.php?p=125879#post125879

    ce qui nous permet de poursuivre cette discussion sur un sujet passionnant, l'éducation.
    même sujet, autre discussion :

    http://forums.resistance.tk/message.php?p=125878#post125878

    à vous de voir !
    bonjouir
     
  21. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  22. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je transfère ici ma réponse car je pense qu'elle concerne la domination adulte en général et pas seulement le documentaire (tout comme les commentaires d'anarchie13 sur cet autre fil):

    [​IMG]

    http://forums.resistance.tk/message.php?p=125871#post125871

     
  23. tobor
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    tobor Membre du forum

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    Fev 2016
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    Salut à tous/toutes, je suis un nouveau!
    Je pense que l'éducation en tant que tel est "un peu court" pour parler de ce qui arrive en bas-âge.
    Beaucoup tient de l'imitation pure et simple au-delà des intentions, parentales dans un premier temps, de prendre le pouvoir abusivement ou pas.
    Ainsi, le parent qui a une idée fixe de projet pour son môme, amènera sans doute un enfant puis un adulte qui projette ses idées fixes sur les autres, d'autres idées avec d'autres valeurs mais tout aussi fixes!
    Ainsi, un parent super cool à l'idéologie exemplaire, à l'écoute et en soutien mais avec des habitudes de merde, je vous laisse deviner la suite...

    Le cadre autoritaire qu'offre l'enseignement, autorité souvent remplacée par quelque-chose d'édulcoré et froidement superficiel pour les plus jeunes, s'imite lui aussi en tant que "monde extérieur" et ce modèle, toujours dépendant de l'instit, transmet autant à l'enfant que la ligne pédagogique de l'établissement ou de l'institution.

    Je crois qu'à défaut d'autre-chose, l'enseignement sort de l'illettrisme pas mal de mômes dont les parents n'auraient pas assumés ce détail, dans une culture où la vie collective est souvent réduite à son minimum, les exemples d'individualisme bourgeois ou prolo émanant des parents laissent supposer moins de savoir et de moyen pour leur progéniture. Il s'agit aussi de découvrir son propre rapport à la masse, la vraie, celle qui dans un premier temps attire, comme en physique quantique. L'école ouvre sur le monde, arbitrairement choisie par les parents à un moment sur leur parcours et au début, c'est vraiment "le monde" avec tous ses dangers, ses découvertes d'inconnu/es de son âge...

    Dans une micro société intégrant d'autres codes pour l'éducation libre, cette conscience que la masse est ailleurs va inévitablement créer du conflit intérieur et/ou extérieur, car par nature, on a besoin de s'y frotter avant de et pour pouvoir se forger une opinion!

    Ainsi, l'école a à mon sens l'"avantage" de montrer "dans quel monde on vit" et dessine déjà les voies obliques possibles et les ruses pour pouvoir contourner les injustices auxquelles on risque d'être confronté tout au long de son parcours.
    C'est évidemment d'autres modèles dont on a besoin pour vivre dans une société organisée différemment alors que face à cette "civilisation", il y a juste un tiraillement tel que les solutions les plus humaines apparaissent aux jeunes ados, comme autant de faiblesses.

    Bon allé, j'espère que j'ai pas dit trop de connerie ni fait plein de fautes d'ordre trop grave!
     
  24. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    Fev 2014
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  25. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Si l'éducation à l'école consistait à apprendre à lire écrire et compter (ce qui ne prend pas plus de quelques mois en principe), ce ne serait pas un tel problème. Mais perdre des années de vie, à se faire bourrer le crâne jour après jour, heure après heure, à s'emmerder à écouter des monologues sans intérêt qu'on oubliera intégralement ou presque?
    En revanche je suis cent pour cent d'accord avec toi, il faut absolument que les enfants aient un endroit hors famille où se retrouver entre eux, et pourquoi pas pour échanger avec d'autres adultes que leurs parents. C'est l'avantage essentiel d'un lieu comme le Lycée autogéré de Paris. Mon plus jeune fils était en rupture scolaire (officiellement "atteint de phobie scolaire"!) mais il avait besoin de rencontrer d'autres jeunes. Pour ça le LAP est idéal. Plus, comme je l'ai déjà mentionné, des propositions d'activités qui l'intéressent (la vidéo par exemple) avec des profs pas autoritaires (il y en a quelques uns au LAP...).

    Le problème c'est que comme tu l'as toi même souligné on est dans une société inégalitaire, avec cette quasi obligation de travailler qui attend les jeunes à la sortie. En ce qui concerne le LAP, je connais pas mal d'anciens élèves (y compris dans mon groupe militant!) et tous y ont appris la confiance en eux mêmes, ce qui compte autant que les diplômes. Non pas grâce aux profs (ils ne fréquentaient quasiment pas les cours!) mais justement parce qu'ils ont pu utiliser ces années à se construire eux mêmes.

    Un autre problème qui concerne toutes les méthodes pédagogiques y compris Freinet - qui est pourtant un moindre mal, c'est qu'aucune école ne peut réellement compenser les inégalités sociales. Mon compagnon qui a connu deux ans de méthode Freinet m'a confirmé qu'aucun de ses camarades de l'époque, tous enfants d'ouvriers comme lui, n'a pu échapper à son "destin social".
     
  26. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  27. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Freinet c'est pas super cher ? Y avait une fille dans ma classe l'année dernière qui avait suivi la méthode freinet dans son enfance nous avait dit que c'était je crois 10 000 euros par an. C'est aussi un problème. Après il parait que c'est parce qu'ils ne recevraient pas d'argent de l'état et qu'il faut payer les profs et les infrastructures du coup ça revient au renps.
     
  28. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  29. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Non à ma connaissance tous les enseignants du service public ont le droit de choisir cette méthode pédagogique. C'est bien l'intérêt d'ailleurs par rapport à des "expériences" genre Bonaventure, des enfants dont les parents n'auraient jamais eu l'idée de les mettre dans des écoles alternatives ont accès à des méthodes moins autoritaires.
    Justement on a souvent reproché au LAP (enseignement public également) d'accueillir surtout des gosses de bourges, c'est pas faux qu'il y en a beaucoup, mais beaucoup de parents y mettent leurs enfants parce qu'il n'y a pas d'autre possibilité de poursuivre des études "normales" (je veux dire hors du technique) quand l'élève a des notes catastrophiques (mon fils aîné avait deux et demi de moyenne en troisième... la dirlo était convaincue qu'il était impossible qu'il soit admis dans aucun lycée!)
     
  30. tobor
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    tobor Membre du forum

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    Homme
    Freinet c'est un film des '50s avec de l'imprimerie dans une école de campagne et un tout jeune Bernard Blier plein d'idéaux pour faire reposer l'enseignement sur du concret et avec la "méthode douce" en plus s'il vous plait.
    Dans la réalité, rien de palpable n'est moins sûr, peut-être même, avec mauvaise langue, y trouve-t-on des lobbys des imprimantes typo ?
    Dans le concret, aujourd'hui, c'est le mélange des 5/8 ans, ce qui me semble positif et une curieuse manière de signifier que les parents doivent supporter le rôle autoritaire qui pousse les enfants à bosser alors que l'école serait l'endroit heureux et plaisant où rien de "négatif" (comme d'imposer clairement du travail) n'est supposé arriver. Cependant, ce "travail" doit être fourni et la pression se décharge sur les parents.
    Je me permet d'en juger ainsi, ayant mis mes 2 fils dans successivement deux écoles Freinet, ayant des retours de parents d'autres écoles qui appliquent cette pédagogie.
    C'est en soi une pédagogie d'élite où on ne compte plus sur une école destinée à ouvrir des horizons meilleurs à ceux/celles qui vivent l'enfer à la maison, il est considéré qu'un certain niveau est là et que toute la petite famille est aux petits oignons pour satisfaire la maîtresse.
    Sinon, l'école n'est pas si gourmande, hormis avec ses voyage scolaire qu'on sait pas d'où on est supposé sortir la liasse (?) Ce sont des écoles "communales" subsidiées et l'inscription était de quelque cacahuètes
    d'avant le passage à l'euro.
    Et je reviens là dessus: la maîtresse, l'instit est ultra-déterminant/e, plus que la renommée de tel ou telle école ou encore, la pédagogie qu'elle est supposée appliquer.
    La meilleure chose à faire, jusqu'à la fin des primaires, est de sortir son môme des griffes de gens (trop) étriqués et/ou cons en la personne de l'instit qui partagera la majorité des activités.
    C'est un combat quasi perdu d'avance (ce pourquoi j'ai mis "trop" entre parenthèses et pas juste en l'écrivant en ce moment) et "pas trop pire" est déjà pas mal. Potentiellement aussi, ça peut bien tomber, et un instit du petit était vraiment impec.

    L'école actuelle ne dispense absolument pas les parents de leur rôle dans l'éducation, au contraire, il y a plein de contre-vérités qu'elle amène et qui restent à mettre à jour, à expliciter, dont le rapport de pouvoir et la figure de l'institutrice, ce qui est incontournable, contournable, comment...

    - À l'école Freinet, on apprend à écrire avec une phrase qu'on choisi soi-même!
    - Youpi!
    - juste une petite piste: "qu'est-ce que tu voudrais acheter au magasin?"
    (authentique)
    et donc les petits de 5/6 ans gravent dans le papier du consumérisme à l'état brut:
    - Je veux une caisse de bonbons!
    - je veux un robot bionik lego et sa voiture
    - je veux une itendo

    Mais quelle connerie! Au lieu d'y mettre une phrase de valeur que ce soit au plus basique "je suis un jeune être humain", quelque-chose qui a du sens mais n'est en aucun cas une promesse, un pousse au fantasme comme c'est le cas. Donc l'école, ici Freinet, instille bien le "vice consumériste" auquel aucun jeune enfant ne résiste, s'occupe de formater de futurs consommateur/trices crédules et dociles.
    Les parents se retrouvent donc à devoir protéger leurs enfants de ces influences que l'école fait peser, sans compter ce qui s'échange entre potes et qui échappe parfois à tout œil ou oreille extérieure et qui peuvent atteindre des taux de trachitude carrément malsain chez des très petits, hop! merci l'école!
    Je ne comprends toujours pas pourquoi info-sida fait sa campagne annuelle dans les écoles primaire et fait la distribution de préservatifs aux 10 ans et plus?

    Bref, il faut tout commenter, tout expliquer, tout démystifier, tout ramener à la réalité et en permanence, sinon l'école applique son formatage ou rejette ses rebuts, si possible brisés.
     
  31. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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    Fev 2014
    France
  32. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je vais résumer mon point de vue: le principe même de l'éducation me fait gerber. Je ne cherche pas plus à éduquer mes enfants que mes amis ou mon compagnon.
    Mais voilà on est obligés de mettre ses gosses à l'école. Mon fils se sauvait de l'école, il refusait toute autorité, résultat on s'est retrouvés devant le juge pour enfants, on a du le faire suivre par un éduc et un psy (au SESSAD, une joyeuse bande de branleurs crétins et autoritaires) puis dans un hôpital de jour (on lui répétait qu'il avait un problème mental puisqu'il refusait l'école...). On n'avait pas le choix, c'était ça ou il nous était retiré et placé je ne sais où. On m'a dit: "et si tu l'éduquais toi même?" mais d'une, je n'en ai pas la compétence (bien entendu il faut rendre des comptes à des inspecteurs), d'autre part ayant horreur de l'éducation c'est comme si on me demandait de le battre pour éviter qu'il soit battu par d'autres.
    Je savais même pas qu'il y avait des écoles Freinet, mon compagnon a eu un instit Freinet à l'école publique en CM1 et CM2. Je connais un instit qui a pratiqué cette méthode dans une ZEP de St Denis; ça reste de l'éducation, sous contrôle de l'inspection académique comme tous les instits, mais ouais dans l'ensemble c'est moins pire que le reste.
    J'aurais bien aimé mettre mes gosses dans une classe comme ça, non que j'en attende quoi que ce soit, mais parce que j'espère que ça aurait été un peu moins dégueu que ce qu'ils ont du vivre à l'école, tous instits confondus.
    Déjà pas de devoirs, ça n'aurait pas été le bonheur, mais un peu moins de malheur. Comme si ça suffisait pas aux profs et instits de pourrir la vie des enfants il fallait qu'ils pourrissent aussi la vie des parents et leurs relations avec leurs gosses.
    Je passais mon temps à râler que les devoirs sont interdits (authentique...) ils le savaient mais se foutaient quand même de ma gueule, les mêmes qui n'ont que "le respect de la loi" à la bouche!

    Il y a quelques années à Ivry on avait organisé un débat sur le thème: "Quelle école pour quelle société?" car c'est exactement dans ces termes qu'on se posait le problème: dans une société pourrie c'est logique que l'école soit pourrie.

     
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