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Luttes égalitaires contre les dominations d'identité.

Discussion dans 'Discussion générale' créé par hexbinmos, 4 Juillet 2015.

  1. hexbinmos
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    hexbinmos Membre du forum Membre actif

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    Un truc aujourd'hui m'a fait penser à un problème vraiment hard que je n'arrive pas du tout à résoudre :
    Il y a des dominations, il faut qu'elles cessent.
    Pour qu'elles cessent il faut les combattre (d'une manière ou d'une autre).
    Mais d'un autre côté pour créer une vie sans domination il faut changer sa mentalité afin d'arriver à une mentalité égalitaire.
    Mais la lutte contre la domination n'est pas égalitaire (dans le sens où on ne va pas accepter le même comportement venant d'une femme que venant d'un homme, ou d'un noir que d'un blanc etc. Et c'est normal car on prend en compte la domination. Un acte n'a pas le même sens suivant s'il est exécuté par un dominant ou un dominé), donc comment changer sa mentalité ?
    Comment avec un processus de lutte contre les dominations on change les mentalités en des mentalités égalitaires ?

    On peut me répondre "ça se fait en deux temps" mais même en deux temps, pour moi la domination ne disparaît que lorsque la mentalité est égalitaire, donc l'hypothétique "temps intermédiaire" en fait contient toujours des dominations donc la lutte n'est pas finie.
    Ou alors il y a plusieurs stades de dominations ?
     
  2. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  3. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je suis pas sûr d'avoir compris la question. Mais pour moi d'un point de vue collectif ce qu'il faut anéantir ce sont les institutions qui formulent donc rendent explicites et rendent légitimes des dominations par la pratique et par l'idéologie (comme les clubs non-mixtes ou ce genre de chose). Car ce sont elles qui nous font incorporer ce qui est "normal" de ce qui est "anormal" (en particulier les médias). Le but étant de nier la légitimité qu'ont les institutions à déterminer les normes.
    Après, à l'échelle individuelle il s'agirait de se débrouiller pour ne pas être dans une position de dominant. Mais pour moi on peut pas exiger de quelqu'un qu'il adopte un comportement serait-ce de ne pas contraindre autrui.
    J'ai répondu un peu ?
     
  4. hexbinmos
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    hexbinmos Membre du forum Membre actif

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    C'est peut-être moi qui n'ai pas compris ta réponse mais je ne pense pas, je vais essayer de mieux formuler ^^ :

    On va prendre la domination masculine par exemple :

    Mettons qu'on se dise "hey mais c'est nul qu'on ne se parle pas dans le métro ça pourrait être sympa de lancer de discussion avec des inconnus" (on se fout de savoir si c'est une bonne ou une mauvaise idée c'est pour l'exemple).
    Là on constaterait probablement que dans l'ensemble les femmes seraient beaucoup plus sur la défensive que les hommes face à ce genre de discussions, et ce à cause des harcèlements de rue et plus largement tous les mécanismes de la domination masculine.
    Mais donc on ferait une différence entre les hommes et les femmes dans leur comportement, on serait plus tolérant face à certaines actions et ça serait normal c'est juste prendre en compte la domination. (Il y a un côté "réduire les femmes à des être dominés" mais c'est un autre problème, lié mais autre tout de même)

    Mais sauf que si on fait ça (faire une différence d'appréciation comportementale entre les dominés et les dominants) pour chaque situation, on construit une inégalité homme-femme dans notre tête.
    Mais je me dis que pour arriver à faire disparaître cette domination il faut tendre à rendre la représentation de la femme égale à celle de l'homme.
    Je n'ai absolument aucune réponse à ce problème, d'un côté il faut prendre en compte les dominations dans l'appréciation des actes, d'un autre il faut tendre vers une représentation égalitaire.
    J'ai vraiment l'impression que c'est incompatible ...
     
  5. SuperSlut
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    SuperSlut Membre du forum Membre actif

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    Là dans ton exemple, les femmes seraient à priori plus sur la défensive puisque ça se passe dans un cadre où les agressions verbales et physiques envers elles sont courantes (le métro). Donc oui en soit on serait plus indulgent envers les nanas qui enverraient bouler des types qui viennent leur parler alors qu'on le pardonnerait moins venant d'un mec (à tort ou à raison).

    Si je suis un homme et que j'ai envie d'engager la discussion avec une femme dans le métro, sans arrière pensée aucune, et qu'elle m'envoit balader parce qu'elle s'est sentie agréssée, certes on peut lui repprocher une erreur de jugement.
    Le problème c'est qu'on ne peut pas demander à des opprimés de réagir comme s'ils ne l'étaient pas... puisqu'ils le sont.

    Une partie de la solution peut être dans la création d'espace où ce genre d'inégalité et de domination n'est pas toléré (que ce soit un club de boxe, un atelier de vélo, une association de tricotage ou un bar). Les échanges seraient surement moins faussé par le rapport de domination.
    Mais dans les lieux où cette domination est monnaie courante, je ne vois pas trop comment on pourrait la faire cesser sans la combattre frontalement.
     
  6. hexbinmos
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    hexbinmos Membre du forum Membre actif

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    Je suis vraiment désolé de dire ça mais ... Si tu relis mon deuxième message c'est exactement ce que je dis ... ^^
    Mais un espace ne supprime pas un système social ancré dans les têtes de chacun :/
     
  7. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  8. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ben oui et non. Pour reprendre la terminologie de mon précédent message (notez comme je parle propre), ça supprime pas les institutions, les structures sociales par contre à l'échelle individuelle si, ça contrecarre ce que, toi, tu as incorporé.
    C'est nécessaire, c'est le côté "créatif" de la révolution, mais c'est pas suffisant (c'est pas durable) si il n'y a pas un mouvement collectif de destruction des fétiches de l'ancien temps.

    Moi, la question que je me pose c'est "faut-il forcément des structures révolutionnaires, donc des institutions qui créent des normes et donnent un sens différents de celles existantes pour pouvoir détruire les institutions existantes ?". Et si c'est le cas, est-ce-que c'est souhaitable, parce qu'on retomberait dans un système ou des valeurs seraient faites incorporer en soumsoum aux gens qui le vivent, mais en plus ce système sortirait de la tête d'une portée d'intellectuels qui sauraient qu'ils font incorporer des valeurs aux gens de manière détournée (comme c'est la cas actuellement). En gros, faut-il utiliser les armes qu'utilisent l'ennemi pour le vaincre et peut-on considérer qu'il y a une "masse" à conquérir, ce qui nous pousserait à nous mettre, au moins théoriquement, en-dehors du peuple, en avant-garde.
    Et si on refuse cette façon de penser, est-ce-que ça conduit forcément à encenser le prolétariat comme sujet intrinsèquement révolutionnaire et à y rechercher sans cesse des preuves qu'il n'a pas besoin d'être poussé à la révolution. Je sais pas si c'est clair. Mais pour moi les deux visions qui s'affrontent c'est en (très très) grossier : les médias sont aux mains des bourgeois et manipulent le prolétariat, il faut diffuser nos façons de penser dans sa tête par nos médias parce que sinon il continuera à agir de travers voir à ne pas agir VS le prolétariat n'a pas besoin de conseils regarde il y a des émeutes, il y a des formes de résistances auxquelles il faut prendre part (mais celles-ci n'ont jamais renversé le système capitaliste jusque-là).

    Mais pour revenir au sujet, il n'y a pas de situation de domination directe dans le cas précis où tu ne fais que t'adresser à une meuf (quand t'es un mec) dans le métro. C'est la femme qui, en se sentant agressée, montre qu'elle a incorporé le statut de dominée. Pour moi ce n'est pas une révolte contre ce statut, donc je ne pense pas qu'il doive y avoir traitement différencié. Mais c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire, on est tous des rejetons de ce système.
     
  9. SuperSlut
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    Certes mais au moins il essait.

    Je ne sais pas si elles sont nécessaires pour détruire les institutions existantes, mais en tout cas si un groupe d'individu a envie de tenter autre chose, avec d'autres structures, et bien qu'ils le fassent! Je me fiche de savoir si ce sera pérenne, si dans 2 générations la jeunesse ne voudrat pas tout jeter et recommencer autre chose... C'est nos vies de maintenant.
    Et que cette nouvelle façon de faire conquisse la masse ou pas ça m'est aussi égal, s'il y en a qui trouve que ça leur ressemble qu'ils viennent. Je te parle pas d'une élite intellectuelle qui choisit pour les autres, mais de certaines personnes qui proposent autre chose.

    Mais là je m'éloigne aussi du sujet.

    Je suis assez d'accord, encore que ça soulève une autre question sur la domination homme/femme : est ce que parfois ce rapport inégalitaire n'est pas tellement ancré que même quand tu ne fais que "t'adresser à une meuf dans le métro" certains n'ont pas involontairement une attitude de dominant?
    Mais en soit tu as raison que les opprimés n'arrangent pas leur cas en intégrant le statut de dominé.
     
  10. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  11. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Non mais je voulais dire "dans une optique révolutionnaire". Parce que, tant que ces actions restent marginales et isolées, elles sont déjà très dures à faire exister et donc loin d'être la panacée à laquelle on peut s'attendre, elles sont réprimées...
    Et il ne faut pas perdre de vue que si certains peuvent y avoir recours ce sont généralement parce qu'ils sont privilégiés d'une façon ou d'une autre. Par exemple, pour militer activement il faut avoir le temps de le faire, la conviction et souvent des potes qui partagent cette conviction. C'est un peu le problème de tous les mouvements moralisateurs surtout en ce qui concerne la consommation (genre "ne consommer plus de produits issus des animaux" ou "ne consommez plus de produits en provenance des pays éloignés" ou "consommez bio / écolo"...) Parce qu'il faut le temps d'acquérir les connaissances nécessaires (qu'est-ce-qui est bio ? quelle marque vend des produits vegan ?...) et le temps d'entretenir ça (aller chercher ses produits là où ils se trouvent...) voir l'argent mais je ne suis pas sûr que ce soit le principal parce qu'en cherchant on peut trouver pas cher et de bonne qualité mais faut savoir où chercher, avoir la certitude qu'on va trouver et le temps de chercher.
    Donc bon, il y a des initiatives qui sont intéressantes mais qui ne créent pas les conditions de leur multiplication : consommer vegan ne permet pas de faire en sorte qu'il y ait plus de produits vegan disponibles, que le véganisme soit mieux perçu... ça reste au niveau de l'ascétisme et de la démarche individuelle. Et puis j'aime pas cette manie de toujours rejeter toute la faute sur "le citoyen" ou "le consommateur" bref "le mouton" qui fait exister le système. Les gens font ce qu'ils peuvent avec les outils intellectuels et matériels qui leur ont été donnés.
    Après je sais pas de quoi tu parlais comme actions en particulier...
     
  12. SuperSlut
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    Je suis complètement d'accord avec toi. Après dans ma tête je ciblais surtout les actions qui proposent des rapports humains différents (puisque de base on était dans le sujet de la domination) et pas spécialement les habitudes de consomation.
    Après je suis consciente aussi que ce type d'actions sont réprimées, et pas qu'un peu.
     
  13. hexbinmos
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    hexbinmos Membre du forum Membre actif

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    Oui voilà.

    Bah écoute tu m'intéresses, je sais pas ce que c'est un monde sans institution (dans le sens de structure sociale). Pour moi on a forcément une représentation des choses, une idée de ce qu'est le réel, une idée de ce qu'il ne faut pas faire, une idée de ce qu'il faut changer.
    Si tu considères qu'essayer de modeler sa vision d'un dominé pour la rendre "mieux" (au sens plus égalitaire, moins dominatrice etc.) c'est créer une institution alors comment faire sans institutions ?