Nuit Debout qu'en penser ?

Pas de souci, je vais faire une petite compil comparative de ce que tu dis sur les antifas, ceux qui affrontent les flics, comparé à ce que tu dis sur Chouard, les propos sexistes de Proudhon, le viol, les fachos, etc. Parce que je t'assure à la longue ça fout un peu le malaise.

En parlant de clarté je te signale que personne ne peut comprendre à quoi tu fais allusion.

A propos du forum, je ne pense pas qu'il soit réservé aux seuls militants qui parleraient le même langage et encore une fois je trouve dommage qu'on ait pas gardé ce système avec des liens cliquables vers des explications.

 

Bon je suis une peu bourrée et il me prend l'envie de réagir à ce que vous dites (même si j'avoue j'ai plutôt lu en diagonale et je me suis du coup focalisée que sur certains détails).
Personnellement je suis plutôt contre la "banalisation", c'est à dire que je ne pense pas qu'il faille forcément expliquer les choses pour les rendre accessible. Banaliser une idée, c'est l'appauvrir. Et c'est assez condescendant d'expliquer tout à ceux qui n'ont potentiellement pas compris ces idées, surtout que de ce fait, on les réinterprète. Le problème n'étant pas l'interprétation en elle même mais le fait qu'on en propose une d'emblée à son interlocuteur en la présentant comme véritable.
La pédagogie n'est pas forcément de la banalisation à mon sens. Enfin je n'ai pas plus creusé la question que ça.
Sur la question du jargon, on utilise tous des codes spécifiques selon nos milieux, ce n'est ni mal ni bien c'est comme ça. Intégrer un groupe c'est apprendre ses codes. L'effort à faire pour qu'une personne intègre un groupe vient des deux côtés : celui qui veut s'intégrer doit s'efforcer d'apprendre les codes, d'observer pour comprendre, et celui qui intègre doit faire des efforts de traduction mais aussi d'accepter que l'autre ne puisse pas forcément tout assimiler. Si l'on prend l'exemple des signes en AG à nuit debout, celui qui veut comprendre comment les gens fonctionnent ici se questionnera sur ces signes de mains, et cherchera leurs significations, et celui qui s'en fout ben de toute façon à priori il s'en fout. De toute façon on convainc les gens par des idées, les codes qui en découle ne peuvent pas séduire si l'idée ne séduit pas.
Bon j'espère que je ne vais pas regretter tout ça demain, on verra bien.

 

Sur la forme :

Tu dis qu'ils ne s'adressent qu'à des initiés, c'est faux. Par exemple sous le titre "Fakir ou le journal de bord d'un réac", ils expliquent : "Productiviste, nationaliste, et étatiste, ce journal regorge également de contenus sexistes, entre autres, ou de dessins douteux en référence au nazisme". Suivent pas mal d'exemples, du genre "des dessins appelant à réprimer les usagers des drogues". Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de se farcir des analyses socio-historiques marxistes pour comprendre pourquoi ils qualifient Ruffin de réac.

Ils n'utilisent pas de jargon. Sur des dizaines de pages, ils utilisent que dans un passage l'adjectif "néo-droitier", juste avant de mentionner la Nouvelle Droite... (qui n'est pas un terme qu'ils ont inventé, c'est comme quand ils disent nuit-deboutistes pour les participants de Nuit Debout). Contrairement au Garap ou Vosstanie, qui écrivent par exemple sur "l'idéologie acataleptique" ou "le matérialisme dialectique". Mais tu préfères, parce qu'ils font "moins d'attaques personnelles"...

Sur le fond :

Tu dis que "ils se permettent de comparer des gens tolérants envers l'immigration, antiracistes, comme malgré tout fascisants". Alors qu'ils expliquent que ces gens sont contre "l'abandon de toute régulation des flux de population", ou pour "«l'ethno-différencialisme», ce racisme new look promu par la Nouvelle Droite et qui consiste à dire que chaque culture doit cultiver ses différences à côté des autres, mais s'en s'y mélanger sous peine de perdre son identité".

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Tu dis que tu es sur la même position qu'eux, mais tu les accuse de sectarisme à cause de leurs positions. Tu parles de progression du fascisme, eux aussi, mais c'est pour ça qu'ils écrivent : "A l'époque du cas Chouard, la poignée d'antifascistes qui s'y sont collés furent taxés de sectaires, d'illuminés ou de militants de clavier. 2 ans. Il a fallu 2 ans pour que le «milieu» admette que Chouard est un fumier. Combien de temps pour comprendre le problème avec les Friot, les Lordon et les autres ??? Combien temps pour que les révolutionnaires/anticapitalistes comprennent qu'en grenouillant avec les nationalistes, les antisémites, les complotistes, les rejetons de la Nouvelle Droite, ils ne font que légitimer et servir la soupe aux nationalistes, aux antisémites, aux complotistes, aux rejetons de la Nouvelle Droite ?"

 

Cet article on ne peut plus clair (avec liens cliquables explicatifs etc.) est mal reçu parce que le racisme progresse et qu'il n'est pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
C'est d'ailleurs pour ça que j'ai fini par renoncer à te convaincre au sujet de Chouard par exemple.
Cela dit tes statistiques personnelles ne sont pas fiables quant à l'impact de tels articles. Je t'ai déjà dit que je connais nombre de gens que les antifascistes ont convaincu (à commencer par moi).
Mais bien sûr il s'agissait de gens qui n'étaient pas fondamentalement racistes, ils étaient seulement un peu embrouillés par l'intense battage médiatique actuel.
Donc je ne sais pas sur quoi tu te bases exactement pour décréter que les antifascistes ne savent pas communiquer, qu'ils n'ont pas d'impact, etc. Sur toi même? Sur tes "copains racistes"? Sur les pires racistes comme ceux qui commentent les articles partout sur le Net? Sur ta famille?
(Ma mère par exemple ne lira JAMAIS aucun article antiraciste, il n'existe aucune méthode aussi "pédagogique" soit-elle capable de la convaincre, son racisme ne s'est jamais situé sur le plan rationnel!) Même chose pour l'abruti ci dessus, je l'ai déjà dit aussi mais peut être pas assez clairement, personne ne s'adresse à tout le monde, je ne m'adresse qu'à des gens que j'estime un minimum!

 

pour en revenir au sujet:
(à prendre avec des pincettes comme tous les sondages - aucun des anars que je connais n'accepterait de répondre à un sondage de BFMTV!) - mais ça donne quand même quelques indications...)

Qui vient à « Nuit debout »? Des sociologues décrivent un mouvement diversifié

 

Je savais même pas qu'il y avait des gens qui voulait en faire un parti politique... (ya plus le smiley qui se cogne la tête contre un mur snif)

 

t'auras qu'à copier celui là la prochaine fois:

 

Bonjour ninaa.

Je réponds assez tardivement parce qu'ici comme ailleurs, on est pas mal occupés...
C'est vrai que j'ai ma façon de m'exprimer, qu'on peut considérer comme un jargon personnalisé =).
Parfois c'est difficile à suivre, il m'arrive d'inventer des mots. Fort heureusement pour moi, j'admire l'Académie, et j'ai pu en parallèle de ces inventions de mots ou d'expressions, acquérir une certaine "maîtrise" du langage vulgaire, familier, courant, soutenu, ET du jargon de plusieurs disciplines ou domaines, je peux donc me débrouiller correctement et me fondre tranquillement dans différents milieux..... Si je suis larguée, ce qui arrive souvent, je demande, comme ici, où il m'a fallu du temps pour comprendre ne serait-ce qu'un quart de ce qui se racontait.

Je trouvais juste ton message un petit peu facile : on parle de vocabulaire employé pour s'adresser à des personnes qui sont étrangers à la lutte.... vous, vous n'y êtes pas étrangers. Le SO, la BAC, ici je pense que tout le monde sait ce que c'est. La Cégette aussi =) il n'y a pas que par chez moi qu'on doit employer ce terme ; mais si tel est le cas, eh bien, figure-toi que la Cégette est une autre manière de dire "CGT", plus douce, avec une certaine pointe d'humour, car la CGT est un syndicat tellement drôle... OKLM ?! Ce n'est pas la première fois que je dis ça, j'emploie souvent ce terme, qui me semble tout à fait adéquat pour décrire une situation dans laquelle un individu effectue une action sans aucune forme de pression (interne ou externe). "OKLM" = "au calme" ("au" = "O" ; "ca" = "K" ; "lme" = "L-M", tu vois ?). En phonétique ça fait {o} {ka} {ɛl} {ɛm}, "okaëllaime" quoi. Enfin, ça se prononce comme ça s'écrit quoi.

Bref. Tout ça n'est que futilité et perte de temps.
La conclusion de toute cette discussion est bien le fait que chacun doit faire un effort, et d'ouverture d'une part, et d'adaptation d'autre part. Ca me semble essentiel.
Nuit Debout, c'est parfois encore difficile mais grosso modo c'est quand même tous les jours les mêmes personnes, donc ça fonctionne, les gens savent maintenant. Après ils sont d'accord ou pas, c'est un autre débat. J'ai pour ma part du mal avec le secouage des mains par exemples, ou les signes genre "on est tous sous le même toit (on est tous dans la même galère, ne nous disputons pas)", ou les signes féministes etc...

Allé, vamos a comer.
Besitos.

 

Une autre enquête (sur le site du Monde, reprenant diverses sources) à propos de la composante sociologique de Nuit debout (toujours avec les mêmes réserves sur les sondages en général, mais quand même ça donne toujours quelques indications):

Nuit debout est un rassemblement plus diversifié qu’on ne le dit

 

"On revient ce soir toujours plus content-e-s de se retrouver et avec encore plus d'espoir. L'espace de bienveillance pour s'échapper de la folie ambiante est encore à construire, maintenant on sait qu'il est possible et plus que jamais d'actualité."

C'est mignon, presque touchant ce besoin de croire en un monde meilleur.
Cette utopie est en elle-même une entrave à la lutte quand le réalisme, la simple conscience qu'il est impossible de "simplement" transformer la société me font dire qu'il faut détruire et non tenter de métamorphoser.

 

Oui, à Paris et ailleurs ...

 

Woah ptin du terrence trash ici :/

J'ai pas le courage de me taper les 6 pages, je viens juste partager mon expérience, ça donnera ptetre du grain a moudre ( je vais lurker plus , promis ! )
Dans le bled ou je suis, 15 a 20 000 habitants, ça a commencé très fort avec une centaine de participants lors des quelques premières agora ( une par semaine )
On a vu de tout défiler : des chouardiens, de l'upr, des ptits patrons qui se plaignaient de payer trop d'impôts, des baboss depuis les colibris au survivalistes, etc...
C'était assez enrichissant de les confronter en public. C'était encore plus enrichissant de parler d'abolition de la propriété privée et de modèles d'autogestion devant des gars qui en avaient jamais entendus parler. J'ai pas mal appris sur les dessous des politicards locaux. Je ne dis pas que j'ai pas ragé devant certains abrutis , et me dire plusieurs fois qu'on est tous foutus devant autant de retard dans la politisation de la plèbe, mais au moins une légère impression d'avoir fait avancer un petit peu la cause.
J'ai commencé a y aller pour voir des mes propres yeux plutôt que de rester chez moi comme un gland a lire des articles dessus. J'y ai vu une mise en pratique directe et concrète de principes libertaires : personne n'a d'autorité, personne n'a plus de voix qu'un autre, c'est par la parole qu'on met en place des trucs et qu'on s'organise, sans charte , assos, rang social ....

Ces temps-ci on n'est plus qu'une dizaine, le plan en cours c'est de monter un squat ou il y aurait du soutien scolaire, des ateliers de réparation, de couture, un jardin partagé si ya possibilité, etc... le tout gratos évidemment et en autogestion. Ca peut paraitre petit bras pour certains d'entre vous, mais sur l'ïle ça serait du jamais vu. Et je me dis qu'au moins on a pas laissé la place libre au fachos , aux citoyenniste purs, et aux libéraux puisqu'ils ne viennent plus.
Les autres sujets c'est l'organisation des luttes contre les grand projets inutiles du coin.