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Les 30 glorieuses pas si glorieuse qu'on ne le dit

Discussion dans 'Politique et débats de société' créé par le Rêveur, 14 Janvier 2018.

  1. le Rêveur
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    le Rêveur Nouveau membre

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  2. anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste, anti-autoritaire
    Bonjour à tous je suis élève au lycée et cette année c'est l'épreuve des tpe ( travaux personelle encadré) étant élève en économie et social ( choix que regrette maintenant) , j'ai choisis comme thème : Les 30 glorieuses . Ma problématique est une critique des 30 glorieuses . Je me tourne vers les libres penseurs pour me donner vos avis et critiques sur celles-ci a fin d'enrichir ce travail merci a tous d'avance et désoler pour ces putains de fautes d'orthographes :)
     
  3. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  4. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Le capitalisme c'est de l'exploitation. Si on prétend qu'il y a "création de richesse" ça veut dire qu'il y a des gens qui travaillent pour créer ces richesses et qu'elles sont spoliées par d'autres. Mais les 30 glorieuses c'est une époque où les capitalistes voyaient leurs profits suffisamment augmenter pour se permettre de hausser aussi les conditions de vie des prolétaires. Bien sûr pas dans la même proportion.

    Comme y a beaucoup d'emplois à pourvoir les capitalistes tentent de fidéliser la main d'oeuvre. Du coup pas mal d'entreprises ont une gestion paternaliste. Y a une tentative de faire tourner l'existence des ouvriers autour de leur usine, de les attacher affectivement à l'usine en vendant l'idée que "l'entreprise est une famille" (dont le patron serait le bon père). Ainsi les patrons d'usine font parfois construire des logements ouvriers à côté de l'usine pour que les ouvriers n'aient pas à faire de longs trajets. Ils organisent des événements, par exemple y a des clubs de foots qui ont été gérés par les patrons d'usine (le FC Sochaux par exemple qui a été créé par Peugeot).
    Sauf qu'aujourd'hui vu que la plupart de ces entreprises délocalisent ça fait des zones où les ouvriers ont été agglutinés mais où y a plus d'usine où travailler.
    Ensuite même si les conditions de vie se sont améliorées avec les HLM notamment (loi de 1949) qui avaient l'eau courante, l'électricité, etc... Les conditions de travail étaient pas géniales. Y avait pas toutes les normes de sécurité qu'on a aujourd'hui, y avait pas les 35 heures hebdomadaires, moins de congés payés (4ème semaine obtenue en 69 et 5ème semaine en 82), etc...

    Ensuite y a pas de 30 glorieuses sans colonies (et donc matières premières à bas prix pour les métropoles). Après les guerres d'indépendance il est resté des accords favorables aux anciennes métropoles.

    Pour moi un des mauvais effets c'est que les 30 glorieuses ont enterré la conscience de classe. Y a une "classe moyenne" qui a pu se former à cause d'une configuration historique bien particulière. C'est après la guerre donc y a eu pas mal de morts et plein d'infrastructures à reconstruire donc du travail et des "nouveaux marchés".
    Du coup ça a donné l'illusion qu'on pouvait s'émanciper de sa situation, que les portes de la réussite s'ouvrait à tous. Y a eu la massification de l'accès à l'école.

    http://cache.media.education.gouv.f...ion-scolaire-sous-la-Ve-Republique_635045.pdf

    Mais aujourd'hui on voit que le répit qu'on constitué les 30 glorieuses est fini. Mais la mentalité est restée. Alors les classes moyennes pauvres sont en voie de prolétarisation mais pour beaucoup elles pensent mériter mieux. Puis y a encore un écho au discours carriériste et méritocratique.

    En plus de quoi les gens ne voient pas aussi nettement qu'avant la distinction entre la petite-bourgeoisie et le prolétariat. D'où une adhésion massive aux thèses conspirationnistes. Parce que les notion d'"oligarchie", d'"élite" viennent justement de la division de la société en trois classes sociales (qui n'en sont pas au sens matérialiste du terme) : une classe populaire (peu nombreuse) / une vaste classe moyenne / une classe dominante (peu nombreuse / une "élite"). D'où la popularité de la vision de la lutte des 99% contre les 1%.
    Sauf que pour moi y a pas de 99% homogènes. Certes les très riches ont des fortunes qui décollent. Mais parmi les "moins riche que les 1%" y a encore beaucoup de bourges ou de politiciens, juges, avocats, hauts fonctionnaires, cadres sup' qui défendent clairement des intérêts bourgeois.

    "Dès 1897, Gustav von Schmoller parle de « Mittelstand » (« Was verstehen wir unter der Mittelstande ? ») tandis que l’ouvrage de E. Lederer (1912,Die Privatangestellten in der modernen Wirtschaftsentwicklung, Tübingen) fait figure de pionnier : tout en soulignant l’hétérogénéité du groupe, il met en avant leur volonté commune de se différencier des travailleurs manuels, leur rôle de tampon entre le capital et le travail lors des conflits sociaux."
    (L'auteur a écrit ça en 1897 mais c'est vraiment pendant les "30 glorieuses" que le concept s'est banalisé en france).

    Les classes moyennes en quête de définition

    Qu'est-ce que la classe moyenne ?

    Au début des 30 glorieuses la catégorie sociale des "cadres" s'affirme. Avec un syndicat (la CGC), des définitions légales, la création de la PCS par l'INSEE... (j'ai lu ça dans le "Que sais-je ?" sur les cadres).
    Avec l'affirmation de la catégorie des cadres se développe aussi une "idéologie" de l'encadrement. Dont parlent Boltanski et Chiapello dans "le nouvel esprit du capitalisme".
    Le secteur tertiaire s'impose, notamment l'industrie de la pub. Ce qui entraine un changement dans la vision du monde des capitalistes qui cherchent à créer la consommation en suscitant du désir. D'où les critiques de la "société de consommation" ou de la "société du spectacle" par Debord et les situationnistes. Ou encore la notion de "capitalisme cognitif" par Toni Negri selon laquelle le savoir deviendrait une marchandise importante. Désormais savoir comment bien diriger une équipe est vu comme un moyen d'augmenter le profit. Puis y a une exploitation du travail intellectuel notamment celui des innovateurs. Schumpeter notamment défend la vision selon laquelle la base de la création de richesse est dans l'innovation. S'ensuit une glorification de l'entrepreneur comme si c'est un "génie" qui grâce à ses bonnes idées arrive à créer de nouveaux marchés pour s'enrichir.
    Là encore, ça donne lieu à une critique sociale qui permet de faire croire que, au même titre que des ouvriers spécialisés, les entrepreneurs sont de pauvres prolétaires qui se font voler leurs idées par les méchants actionnaires qui eux seuls ont suffisamment d'argent pour financer leur réalisation. C'est pas absolument faux mais les ingénieurs sont rarement opposés aux rapports sociaux capitalistes. Ils se comportent plutôt comme la description des classes moyennes plus haut : "volonté commune de se différencier des travailleurs manuels, leur rôle de tampon entre le capital et le travail lors des conflits sociaux.".

    Enfin, idéologiquement j'ai l'impression que les 30 glorieuses sont une période qui a donné la mentalité "start-up" / "jeune cadre dynamique" qui sert aujourd'hui à démanteler le code du travail au profit de la bourgeoisie.
    N'empêche j'ai l'impression que c'est une période contradictoire. Le paternalisme qui était une gestion "adaptée" à l'époque (pour les bourges) ne va pas du tout avec l'idéologie comme quoi y a une classe moyenne et qu'on peut s'élever par le mérite (qui s'est pourtant développée avec les 30 glorieuses). Le paternalisme c'est plutôt une vision rigide de la société où tout le monde a sa place (comme dans une famille) alors que la moyennisation c'est une vision démocratique ou méritocratique (on est en train de tous devenir pareils / on peut s'élever socialement).
    D'ailleurs, c'est un peu anecdotique, mais ces deux visions ont été critiquées par la suite par les différents mouvements politiques. Le côté "on va tous devenir pareil" a récupéré la critique du stalinisme adaptée en une critique du conformisme (récupération d'Orwell ou d'Aldous Huxley qui sont plébiscités par les alter-mondialistes aujourd'hui). Comme quoi on perdrait notre singularité en cherchant tous à rentrer dans le moule.
    Puis un peu en parallèle le côté "la réussite sociale c'est de pouvoir s'acheter plein de trucs" a aussi été critiqué. Notamment le constructivisme a critiqué la notion de progrès comme quoi c'est qu'une question de point de vue. Progrès par rapport à quoi ? Puis les films genre fight club, american beauty, american psycho, le loup de wall street et y en a certainement plein d'autres... C'est dans ce délire "il faut chercher la sobriété, la simplicité plutôt que de courir après le confort matériel ce qui nous fait en fait nous pourrir la vie au travail et nous fait oublier l'humain". Puis on se retrouve avec des Pierre Rabhi ou des survivalistes fachos qui s'arrêtent à ce stade de la réflexion.

    Voilà je sais pas trop si ça t'aide, c'est mon avis.
     
    Dernière édition: 15 Janvier 2018
    le Rêveur et the black daemon aiment ça.
  5. IOH
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  6. le Rêveur
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  7. anarchiste, auto-gestionnaire, anti-fasciste, anti-autoritaire
    Bonsoir je vous merci encore pour toutes ses information fournis. Ce mardi qui vient je devrais rendre avec mon groupes mon tpe . Mais il y us un changement de plan entre temps , plus précisément un changement de sujet . Nous avons décidés de parler des anarchistes. Dans un de mes axes je parles des différents mouvement libertaire anarchiste ( commune de paris , révolution méxicaine......) Mais il n'est pas encore finit :') .
     
  8. the black daemon
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    the black daemon Membre du forum Membre actif

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  9. libertaire, anarchiste, révolutionnaire, anti-fasciste, anti-autoritaire, primitiviste
    salut le rêveur
    si ça peut t’aider