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intersectionnalité wokisme j'y comprends que dalle

Discussion dans 'Activisme, théories et révolution sociale' créé par pilou-ilou, 23 Octobre 2021.

  1. pilou-ilou
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    pilou-ilou Membre du forum Membre actif

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  2. libertaire, anarchiste, féministe, anarcho-syndicaliste, syndicaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anarcho-fédéraliste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    Bon je pars du postulat que je dois pas être assez fute fute. mais pour avoir lut des trucs sur l'intersectionnalité et le wokisme ( et le fameux privilège blanc). Et avoir discuté avec une interwokiste. Elle avait un discours contradictoire et assez embrouillé. et d'après le peu que j'ai pu comprendre avec mes faibles capacités cognitives, je dois dire que cela ne m'a pas convaincu n'y plus. De plus apparemment ils sont pas tous d'accord entre eux. quelle miséreuu!!!!
     
  3. ninaa
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  4. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Intersectionnalité [nom] : concept visant à révéler la pluralité des discriminations de classe, de sexe et de race
     
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  5. ninaa
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    ninaa Membre du forum Expulsé du forum

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  6. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Quant à moi "intersectionnalité" est un terme que je n'ai pas l'occasion d'utiliser, ni personne de mon entourage. Au cas où je me trouve dans une situation où il faut dénoncer des oppressions multiples (sexiste + raciste + handiphobe, par exemple, ou bien sexiste + homophobe: quand une lesbienne est victime de propos ou actes à la fois sexistes et homophobes...) je me contente de décrire ces oppressions multiples au cas par cas.
    En même temps même si les mots nouveaux sont déconcertants, le problème n'est pas nouveau et il est également fréquent. Donc inventer un nouveau mot pour décrire ce phénomène, pourquoi pas?
    Tout comme ce n'est pas nouveau d'avoir à décrire la complexité d'une situation d'oppression: une patronne peut à la fois opprimer ses employés et être victime de viol. Une victime de racisme peut battre sa copine: les deux problèmes doivent être traités séparément. Comme dit dans l'article ci dessus, difficile de savoir si une femme noire est victime de discriminations parce que c'est une femme ou parce qu'elle est noire, à moins d'examiner la situation au cas par cas en tenant compte des deux possibilités, sexisme ou racisme (qui peuvent aussi s'ajouter).
     
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  7. pilou-ilou
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    pilou-ilou Membre du forum Membre actif

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  8. libertaire, anarchiste, féministe, anarcho-syndicaliste, syndicaliste, auto-gestionnaire, synthèsiste, anarcho-fédéraliste, anti-fasciste, anti-autoritaire
    je pense la même chose. de plus englober toute une population tout en lui attribuant des comportements, des croyances etc.. c'est carrément créer un stéréotype.
    Ca me hérisse les discriminations.
     
  9. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  10. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Je sais même pas si eux mêmes se comprennent.
     
  11. ninaa
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  12. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Comme sur n'importe quel sujet il peut y avoir des discours confus, mais il existe de nombreux articles et livres clairs sur le sujet. Qu'on soit d'accord ou non avec ces théories (sur l'usage de l'expression "oppression de race" par exemple, au lieu de "racisme", qui désigne la confusion des oppresseurs tout en niant l'existence de "races") est une autre question à mon avis: en tout cas je trouve que le concept, s'il est plus complexe que "une seule lutte la lutte des classes", est tout à fait clair.

    intersectionnalité — Wiktionnaire

    Qu'est-ce que l'intersectionnalité ? | Payot

    Si le mot est (relativement) nouveau, les problèmes de domination multiple, et les problèmes de domination au sein d'un même collectif de lutte contre une domination ne sont pas nouveaux.

    Pour donner un exemple simple, le documentaire de Carole Roussopoulos "Debout!" (sur l'histoire du MLF), raconte que les lesbiennes étaient discriminées au sein du mouvement. Alors qu'elles s'étaient associées à la lutte pour le droit à l'avortement, qui ne les concernait pas du tout, quand elles ont demandé le soutien du MLF dans la lutte contre l'homophobie elles ont essuyé un refus, évidemment lié à l'homophobie de presque toutes les féministes hétéros qui "ne voulaient pas qu'on associe féminisme et homosexualité".
    Evidemment les lesbiennes qui voulaient lutter contre l'oppression dont elles étaient victimes ont été contraintes de se séparer du MLF. Elles ont rejoint un collectif mixte de lutte contre l'homophobie.
    Mais elles ont vite constaté que les hommes du collectif, quoique victimes comme elles de l'homophobie, étaient également de gros machos bourrés d'idées reçues sur "le rôle des femmes dans la société", qui ne les laissaient pas s'exprimer, les invisibilisaient...
    Elles ont donc du effectuer une nouvelle scission pour pouvoir lutter contre leur oppression spécifique de femmes et d'homosexuelles.
    Voilà, je viens de décrire concrètement un exemple d'intersectionnalité, qui bien entendu n'était pas désigné par ce terme à l'époque.
    Il n'en est pas question dans le film mais on pourrait y ajouter d'autres problèmes, de mépris de classe dans un collectif luttant à la fois contre le sexisme et l'homophobie; et aussi de racisme, validisme, transphobie, etc. Tous ces problèmes de domination multiples, dans la société mais aussi à l'intérieur des collectifs militants, il est nécessaire de les affronter.
    Personnellement, comme je l'ai dit, je préfère comme je viens de le faire évoquer cette complexité au cas par cas, mais je ne suis pas choquée si certains veulent lui donner un nom global.

    50 ans du MLF : le mouvement féministe raconté au cinéma | CNC

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  13. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  14. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Oui c'est bien beau de dire qu'il faut lutter contre toutes les discriminations, je pense qu'on n'a pas attendu l'"intersectionnalité" pour le faire par contre qu'est ce que ce concept apporte concrètement ? À mon avis rien.

    En fait je pense que récemment il y a eu une parcellisation des luttes contre chaque discrimination (lutte contre racisme, contre sexisme, contre homophobie, contre transphobie, contre "validisme", etc, etc...) - et en parallèle l'assimilation de la lutte de classe à une lutte volontariste contre le "classisme" qui n'a pas grand chose à voir avec le concept initial.
    Et puis on s'est rendu que ça faisait des gens préoccupés uniquement par leur domaine et alors on a décidé, "par en haut", de décréter l'intrication de ces luttes.

    Sauf que cette parcellisation avait comme idée de base que 1) seuls les fameux "premiers concernés" sont capables de lutter contre la domination qu'ils subissent donc forcément une femme blanche riche ne "peut" lutter qu'en tant que féministe. 2) aucune lutte ne doit être considérée comme plus importante qu'une autre.

    Et donc l'intersectionnalité se donne un faux air érudit parce qu'il consiste à faire des pirouettes rhétoriques pour jongler entre les différentes luttes sans donner de cohérence à l'ensemble où une "oppression" serait cause d'une autre ou bien une lutte permettrait de dénouer les problèmes d'une autre. Car ce serait vu comme de la hiérarchisation des luttes.

    Donc à mon sens le problème de la parcellisation des luttes n'est à aucun moment régler par l'intersectionnalité qui n'est au final qu'une pétition de principe et un bon filon dans la recherche en sciences humaines.
     
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  15. ninaa
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  16. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je ne sais pas dans quels livres/articles tu as lu que la lutte des classes était une lutte secondaire, mais je pense que la lutte contre le sexisme, l'homophobie, le racisme, ne doivent pas être laissées de côté pour se consacrer uniquement à la lutte des classes. On peut très bien lutter contre toutes les discriminations, même si on n'en est pas soi même victime.
    Personnellement je ne vois pas d'inconvénient à ce que des hommes se joignent à la lutte contre le sexisme, mais à condition de ne pas voler la parole aux principales concernées.
    Ce qui concrètement se traduit IRL par: interrompre les femmes qui parlent par exemple d'une expérience de violence conjugale, d'agression sexuelle, de mépris sexiste, soit pour en parler à leur place, soit (ce qui est le plus fréquent à ce que j'ai constaté lors de débats sur le sexisme) pour nier cette oppression (en parlant des hommes violés et battus, des femmes patronnes ou policières - ou même en prétendant que les agressions sexuelles n'existent pas, les soi disant victimes seraient des menteuses ou des chochottes qui font des histoires pour pas grand chose).
    Une patronne victime de viol ne l'a pas "mérité", et on ne doit pas lui faire fermer sa gueule sous prétexte que par ailleurs elle exploite des employés, et que la seule chose à prendre en considération serait "la lutte des classes". On la combat en tant que patronne, mais on la défend en tant que femme victime de viol.
    Quand on se joint à une lutte de sans papiers, on est quasiment toujours confrontés à des gens qui eux, ont toujours eu des papiers et parlent au nom des sans papiers, en fin de manif, dans les médias...
    Quant à moi je trouve plus logique de soutenir ces luttes et de laisser la ppriorité de parole aux principaux concernés.
    Etant hétéro, même si je m'autorise à parler de l'homophobie, je trouve également logique qu'un collectif de lutte contre l'homophobie donne la priorité d'expression à des homos.
    Même chose à propos de l'handiphobie, de la transphobie... sur ce dernier thème, sur le forum, deux trans se sont exprimés:

    Transgenre & féminisme queer

    même si j'ai un point de vue sur le sujet, rien ne remplace le récit de leur expérience, dont je n'ai moi même qu'une vague idée.
    En revanche, ayant été victime d'agression sexuelle, je trouve forcément (plus qu'un homme qui n'a jamais vécu ça) que c'est un vrai problème auquel on doit consacrer du temps et de l'énergie. Je ne vois pas en quoi ça empêcherait de lutter aussi contre les inégalités sociales en tous genres.

    Comme je l'ai déjà dit, je n'utilise pas ce mot, mais je suppose que c'est la seule réponse qu'ont trouvé ceux et celles qui combattent toutes les inégalités sociales (sans pour autant faire de hiérarchie ou de non hiérarchie: juste, on trouve nécessaire de toutes les combattre chaque fois qu'elles se présentent!) à ceux qui disent que ces oppressions (sexiste, raciste, homophobe, transphobe, validiste, âgiste...) sont sans importance, que la seule et unique cause qui vaille qu'on se batte pour elle serait la lutte des classes.

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  17. Anarchie 13
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    Anarchie 13   Comité auto-gestion Membre actif

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  18. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Nulle part, ce n'est pas ce que j'ai dit.
    A part dans les discours l'intersectionnalité ne sert pas à grand chose sur le terrain, je pense.

    Moi non plus et si l'intersectionnalité c'est ça alors ils ont inventé l'eau tiède.
    Mais je pense que ce n'est pas ça l'intersectionnalité. Je pense que c'est un concept universitaire qu'on ne peut comprendre que dans le contexte dans lequel il a émergé : après une parcellisation des luttes et des discriminations, des -phobies, etc... Qui a été encouragé au sein des universités car ça faisait autant de thème de recherche.
    Le problème c'est qu'il n'y a plus de pensée globale de la société, on fait l'histoire de chaque oppression indépendamment sans essayer de trouver une cohérence, de les relier avec l'évolution de la société dans son ensemble et de comprendre cette évolution générale.

    Vis-à-vis de la lutte des classes, ce n'est pas nécessairement qu'elle soit secondaire, c'est qu'elle est plutôt complètement absente puisque le concept est déformé et se réduit bien souvent à une discrimination de classe ou au mieux une "oppression" n'ayant plus grand chose à faire avec la production et l'exploitation.

    En tout cas c'est l'impression que j'ai.
     
  19. ninaa
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  20. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je n'ai rien lu qui va dans ce sens mais tu pourrais peut-être fournir des références plus précises?
    Il me semble au contraire (encore une fois, je n'utilise pas ce terme mais je n'ai pas d'a priori le concernant) que l'intersectionnalité part d'une volonté pluridisciplinaire et même transdisciplinaire.

    https://www.cairn.info/addictologie--9782100721429-page-351.htm

    Donc il s'agirait non de "parcelliser" mais au contraire, de relier les causes et conséquences des différentes formes de domination.

    Cela dit, même si je vois l'intérêt d'une approche transdisciplinaire des problèmes sociaux et politiques, il me paraît indispensable d'étudier aussi ces problèmes dans ce qu'ils ont de spécifique. A moins de rédiger un livre qui ferait cent millions de pages, comment aborder tous ensemble ces questions (lutte des classes, sexisme, racisme, homophobie, handiphobie...) déjà très complexes séparément?

    J'ai lu un livre sur les triangles roses, qui d'ailleurs évoquait l'homophobie chez les victimes de camps d'extermination. La lutte des classes n'est d'aucun secours pour expliquer la violence de cette "phobie" et ses conséquences bien concrètes.

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    Les préjugés racistes, handiphobes, transphobes... ne se confondent pas avec les préjugés de classe (et se rencontrent malheureusement dans toutes les classes sociales: là non plus, la grille de lecture "lutte des classes" n'est pas pertinente pour comprendre - et tenter de venir à bout - de ces phénomènes).
    Je ne voudrais pas d'une société économiquement égalitaire mais où on trouverait sans importance que des femmes continuent à être battues, violées, humiliées, où les homos et trans seraient encore tabassés.
    Et je ne vais pas non plus attendre une révolution sociale pour combattre ces oppressions et discriminations, chaque fois que je m'y trouverais confrontée.

    Louise Michel, militante anarchiste révolutionnaire, luttait autant contre le sexisme et le racisme que contre l'oppression de classe. Elle luttait aussi pour les droits des animaux non humains (ça c'est pour ceux qui disent des militants contre la souffrance animale "feraient mieux de s'occuper des humains").

    Emma Goldman avait cette même vision multiple des problèmes sociaux et politiques:

    EMMA GOLDMAN L'ANARCHA-FÉMINISTE ET LE SUFFRAGE DES FEMMES

    Les mujeres libres, comme les anarchistes antisexistes en général, étaient opposées au mouvement des suffragettes, parce que justement elles incluaient la lutte des classes, et la lutte contre toute forme de pouvoir, dans leur critique du sexisme.

    "Sur le terrain", on n'a sans doute pas besoin de désigner cette approche multiple et complexe par un mot quel qu'il soit, mais je ne comprends toujours pas ce qui motive un tel rejet chez certains militants libertaires (je le comprends mieux chez les réacs sexistes, homophobes, racistes... qui voudraient que ces discriminations et les violences qui vont avec perdurent).
     
  21. ninaa
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  22. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Petra pied de biche définit sa démarche comme "intersectionnelle":



    "J'en avais envie, je me suis servi, j'en avais envie, je me suis servi.
    Violeur, ordure, je n'attends rien de toi, ni de celles et ceux qui savent, ni de celles et ceux qui savent.
    et t'invitent encore à bouffer, et t'invitent encore à causer politique, lutte des classes, société[...] comme si de rien n'était.
    "
    (Violeur, Barre de rire)

    https://persesibi.wixsite.com/persesibi/single-post/2016-1-29-petra-pied-de-biche

    Je trouve que cette chanson contre le viol résume bien le problème du viol en milieu libertaire et de la complaisance (ou indifférence) à propos du viol, je ne vois pas en quoi elle serait "intersectionnelle".
    Si on en croit sa définition de l'intersectionnalité, les différentes formes de domination (de classe, sexiste, raciste, homophobe...) ne peuvent se comprendre séparément. Or dans cette chanson il n'est question que de sexisme et de déni du sexisme: pas trace de critique d'aucune autre forme de domination?

    Quant à moi, c'est la critique de l'intersectionnalité que j'ai du mal à comprendre:

    - Certains reprochent à ces théories d'être confuses, incompréhensibles;
    - D'autres les comprennent mais les accusent de "diviser les luttes", de les morceler, alors que toutes les dominations feraient partie d'un grand tout indivisible;
    - D'autres encore les accusent de perdre du temps avec des formes de domination qui n'en seraient pas vraiment (le sexisme, le racisme, l'homophobie... seraient des oppressions bénignes, voire imaginaires), au lieu de se concentrer uniquement sur la lutte des classes?
     
    Dernière édition: 26 Octobre 2021
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  23. Anarchie 13
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  24. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Oui j'ai dit l'intersectionnalité répond à une parcellisation initiale des oppressions et sujets de recherche associés. Même si en soi l'intersectionnalité consiste en pratique souvent à analyser l'interaction entre deux oppressions seulement parce qu'après ça devient trop complexe. Donc quand même pour chaque combinaison d'oppression (validisme / sexisme ; racisme / homophobie...) t'as un pan de recherche.

    Sauf si tu penses que la lutte des classes est le moteur de la société, comme c'est mon cas. L'homophobie des nazis est bien liée au nazisme qui s'est développé dans un contexte socio-historique intrinsèquement lié à la lutte des classes. Rien qu'ainsi on peut faire le lien. Il n'y a pas de lien mécanique entre rapports de production et discrimination (où un rapport de production = un ensemble de discriminations et une manifestation de celles-ci), mais il y a un lien quand même.
    Selon moi la lutte des classes détermine le mode de vie des classes dominantes et des classes dominées et relativement les unes aux autres donc ça façonne leurs visions respectives du monde sur tous les plans. Et aussi ça rend possible, nécessaire ou improbable certaines oppressions sous certaines formes. Comme l'explique Christophe Darmangeat par exemple la société capitaliste est la seule connue où il n'y a pas de division du travail entre hommes et femmes (exceptée dans le domaine de la reproduction = le travail domestique et encore ça a tendance à s'atténuer).
    Donc dire que ça n'explique pas tout, certes, mais dire que ça n'est pas indispensable à l'explication je ne suis pas d'accord.

    Encore une fois c'est un poncif et n'importe quel révolutionnaire est d'accord avec ça depuis bien avant l'invention de l'intersectionnalité. Donc je maintiens que pour moi l'intersectionnalité ce n'est pas dire ça.

    Ben comme je te l'ai dit : ça empêche une lecture globale de l'évolution de la société et donc des liens de "causalité" (c'est pas le non mot mais je trouve pas) entre ces diverses problématiques.
    Et aussi l'intersectionnalité repose sur le post-structuralisme qui a fait de la relation entre les classes une question d'"oppression" (tu emploies toi-même le mot) alors que justement ce qui fait la particularité de la relation entre classe est que c'est une relation d'exploitation et non pas d'oppression (en tout cas pas en premier lieu).
    Et aussi que c'est une relation entre classes et non individus or il y a des courants féministes ou autres qui essaient de reproduire cette grille de lecture aux relations hommes/femmes en parlant de classes de genre ou d'hétéronormativité comme si les hétérosexuels pouvaient être considérés comme une classe avec des intérêts communs au même titre qu'une classe sociale et je pense que c'est infondé (justement du fait qu'il n'y ait pas de relation d'exploitation.
     
  25. Anarchie 13
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  26. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Ça c'est l'argument des fascistes style Soral. Je ne crois pas qu'on puisse qualifier des gens disant ça comme de gauche (et a fortiori d'extrême-gauche ou révolutionnaire)
     
  27. ninaa
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  28. anarchiste, anarcho-féministe, individualiste
    Je ne vois pas en quoi la grille d'analyse "lutte des classes" serait indispensable à la compréhension de la culture du viol, par exemple. Déjà dans les cavernes, quand les hommes avaient envie de se vider les couilles ils forçaient les femmes à les satisfaire, c'est encore ça le moteur aujourd'hui. Le rejet de l'altérité ne s'explique pas non plus par les rapports de production.
    Seule une révolution pourra venir à bout des inégalités sociales.
    En revanche même dans le cadre d'une société inégalitaire on peut espérer améliorer les choses sur le plan du sexisme, du racisme, de l'homophobie, de la transphobie, du validisme...
    Il y a toujours des hommes égoïstes qui se foutent du plaisir des femmes, mais les femmes acceptent de moins en moins les agressions sexuelles, elles sont de moins en moins convaincues de "mériter ça", d'être coupables quand elles sont violées et battues, elles ont plus qu'avant la possibilité de divorcer d'un mari violeur et violent.
    Les violeurs existent dans toutes les classes sociales: ça pourrait exister dans le cadre d'une société économiquement égalitaire.
    L'homosexualité n'est plus punie par la loi dans la plupart des pays, et on peut sans attendre une révolution continuer à essayer de changer les mentalités, et combattre les thérapies de conversion là où elles existent encore.
    L'homophobie existe dans toutes les classes sociales, y compris chez des militants anticapitalistes.
    On peut également essayer de changer les mentalités à propos du racisme, et lutter aux côtés des sans papiers. Dans ce dernier cas cette oppression est bien liée au capitalisme mais j'ai pu constater que beaucoup de gens acceptaient les lois anti-immigration en raison de préjugés racistes: c'est donc tout à fait pertinent de relier les deux (antiracisme et anticapitalisme) pour combattre ce problème.

    Sinon pourrais-tu citer un article sur l'intersectionnalité qui dirait qu'il faut abandonner la lutte des classes au profit de luttes parcellaires? Si ça existe je serai aussi critique que toi.
     
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  29. Anarchie 13
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  30. libertaire, anarchiste, marxiste, individualiste, révolutionnaire, anti-fasciste
    Tu as l'air mieux informée sur ce qui se passait "dans les cavernes" que les paléoanthropologues on dirait. Mais si l'évolution du rapport au viol est évidemment lié à l'évolution du statut de la femme qui est lié à l'évolution générale de la société dont le moteur est la lutte des classes.
    Quand à la haine de l'altérité c'est pareil, en tout cas c'est incontestable que dans ses manifestations elle n'a pas été la même de toute époque. À moins que tu ne considères que le rapport aux autres forme une sphère isolée dans les sociétés humaines qui évolue uniquement dans son coin indépendamment de l'évolution du reste de la société tu dois bien reconnaître que le lien existe.

    Sauf que là tu parles dans l'abstrait. Oui dans l'abstrait on peut imaginer une société égalitaire sur le plan économique mais avec des discriminations sur d'autres plans. Sauf que nous ne sommes pas une société abstraite mais une société concrète avec son histoire. Aussi une société issue du capitalisme qui parvient à dépasser le capitalisme tout en enrichissant ses acquis il y a bien peu de chances qu'elle puisse abolir les rapports d'exploitation entre les classes tout en maintenant une culture et des valeurs passées, des discriminations notamment.

    Je constate aussi que dans ta description, et je ne sais pas si c'est conscient, tu sembles dire que l'évolution des mentalités des hommes au sujet des violences faites aux femmes seraient uniquement due aux luttes feministes. C'est en effet une des thèses des gender studies qui me semble fausse et antimaterialiste.
    Pour ma part je pense que les mentalités des hommes évoluent aussi en parallèle de celles des femmes et non seulement en réaction à leurs luttes, du fait de l'évolution globale de la société. Par exemple avec l'industrialisation les femmes et les hommes ont pu exercer les mêmes postes aux mêmes statuts et ça a dû faire évoluer les rapport hommes/femmes et donc les représentations des unes et des autres et ce indépendamment d'éventuelles luttes féministes.
    Idem pour le viol, je ne pense pas que seules les luttes des femmes forcent les hommes à ouvrir les yeux.

    Je ne vois pas pourquoi je devrais citer un tel article alors que je n'ai jamais prétendu qu'il en existait. Je vais donc me répéter différemment : les intersectionnels parlent bien de lutte des classes, dans le sens où ils emploient le terme, mais ce qu'ils mettent derrière n'a rien à voir avec la lutte des classes. C'est plutôt ça que je veux dire.
     
    Dernière édition: 28 Octobre 2021

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